Le Conseil de l’agriculture française (CAF), qui réunit la FNSEA, JA, les coopératives, la MSA, Groupama, Crédit Agricole et les chambres d’agriculture, est mobilisé pour atteindre les objectifs de réduction des émissions fixés au secteur dans le cadre de la planification écologique. « Il nous semblait important, chacun dans nos organisations, de montrer que nous avons une responsabilité collective, que nous devons embarquer l’ensemble des acteurs du monde agricole, a déclaré Arnaud Rousseau, le président du CAF et de la FNSEA, lors d’une conférence de presse le 4 juillet 2023. Cette planification écologique, nous l’avons appelée de nos vœux », a-t-il rappelé insistant sur le fait qu’elle est « choisie » mais pas « subie ».

Des prérequis à la réussite

« Nous sommes dans une démarche de volonté qui a pour ambition d’atteindre l’objectif », a-t-il assuré. Mais pas à n’importe quel prix ! Arnaud Rousseau et les membres du Caf ont tracé plusieurs lignes rouges : des objectifs cadrés et une méthode de travail, un calendrier « sérieux » et « réaliste », de la cohérence avec les politiques publiques françaises, une vision partagée au niveau européen et une priorité qui reste la souveraineté alimentaire.

Dans le cadre de la feuille route de la planification écologique mise en place par le gouvernement, la première ministre Élisabeth Borne a annoncé le 22 mai 2023 que le secteur agricole doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 18 % entre 2019 et 2030, passant de 83 millions de tonnes-équivalent CO2 à 68 millions de tonnes.

Attirer les jeunes générations

Pour Arnaud Gaillot, président de Jeunes Agriculteurs, nous avons le défi de « rassurer et attirer les jeunes agriculteurs qui sont souvent un public à risque face au changement climatique. Il est important d’intégrer les travaux du pacte et de la loi d’orientation dans lequel beaucoup de leviers ont été identifiés, notamment du groupe sur la transition agroécologique. La planification doit permettre de faire converger les intérêts et les défis des uns et des autres. »

Des moyens et du temps long

Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, a insisté sur la nécessité « d’avoir des perspectives et de se donner du temps long » avec une cohérence des réglementations dans une approche globale. « Nous sommes à l’aube d’une révolution du développement agricole », a-t-il déclaré conjurant l’État de mettre en place « des moyens colossaux ». « Il s’agit quasi de réinventer le développement agricole », a-t-il prévenu, ce qui nécessite de l’accompagnement individuel « en tête à tête ».

Sébastien Windsor a aussi insisté sur l’importance de passer de l’exercice théorique à l’évaluation concrète des impacts de « l’ensemble de ces mesures cumulées ». Il propose de mesurer leur impact sur un panel d’exploitations, mais aussi leur répartition possible sur le territoire et leur impact sur les filières. « On devra aussi, au travers de ce panel test que l’on se propose d’accompagner du côté des chambres d’agriculture, mesurer l’impact économique. On ne pourra porter ce changement si on n’a pas soutenabilité économique. » Il propose aussi de mesurer leur impact sur la charge de travail ou encore la pénibilité du travail.

Arnaud Rousseau a rappelé en conclusion les « enjeux de cohérence et de réciprocité ». « Nous avons besoin de nous assurer que la vision franco-française soit partagée au niveau européen », a-t-il prévenu.