Une trentaine de députés des Républicains ont déposé le 22 février 2023 une proposition de loi « relative à la lutte contre le frelon asiatique ». Selon Frank Alétru, le président du Syndicat national d’apiculture, il s’agit de suggestions « récurrentes depuis une dizaine d’années » qui ne portent pas leurs fruits. « Rien ne nous empêche de faire mieux que les autres pays d’Europe, la France doit donner l’exemple, affirme-t-il avec conviction. Les députés ont loupé le coche. » La clé de la lutte contre l’insecte tueur d’abeilles, résiderait dans une organisation territoriale pointue, avec des pièges répartis à l’échelle nationale et déployés le plus tôt possible.
Des décisions trop faibles
Les frelons asiatiques sont des prédateurs pour les abeilles et des attaques de ruches ont déjà détruit une multitude de colonies. En plus de l’apiculture, c’est l’agriculture tout entière qui serait menacée. « Les arbres fruitiers peuvent notamment voir leur rendement chuter du fait d’une mauvaise pollinisation de leurs fleurs », stipulent les auteurs de la proposition de loi dans leur préambule.
À l’heure où le frelon se propage, que souhaitent les députés ? D’abord, le classer en nuisible de première catégorie. De ce fait, les frais engendrés par cette lutte et la destruction seraient à la charge de l’État. Une proposition souvent refusée car l’Europe n’a pas classé le frelon asiatique comme étant une espèce invasive de première catégorie. Les parlementaires proposent aussi que les préfets puissent déclencher des plans de lutte à partir d’un certain nombre de nids de frelons détectés, soit 500 et 1 000 nids. Une légère avancée puisqu’actuellement, aucuns quotas ne sont en place. « Le préfet ne doit pas seulement pouvoir déclencher un plan de lutte, il doit le faire ! s’exclame Franck Aletru, assurant qu’il faut agir le plus tôt possible contre l’insecte. Un nid équivaut à 200 reines fondatrices. Sur la totalité des femelles, il en restera entre 50 et 100, il ne faut surtout pas attendre d’en avoir 500. »
Plus de pièges aux bons endroits
Devant la « faiblesse des solutions » proposées, Frank Alétru défend à la place un plan national de lutte contre le frelon asiatique. À l’heure actuelle, les Régions décident seules des moyens qu’elles souhaitent mettre en place sur leur territoire. Selon lui, il faut installer des pièges sur l’ensemble du pays et leur nombre doit dépendre de la zone et de la concentration d’insectes. « Les Régions doivent s’organiser entre elles et agir comme un seul homme pour être efficace », insiste-t-il.
Aujourd’hui, il n’existe pas encore de piège sélectif contre l’insecte prédateur. Même si des techniques se développent, la méthode la plus employée est de mélanger de l’alcool avec du sucre pour l’attirer. Seulement, l’alcool finit par s’évaporer. « Souvent les pièges installés sont trop efficaces et tuent des abeilles et d’autres insectes au passage », explique Christian Boivin, inspecteur phytosanitaire et formateur du réseau Fredon France. Beaucoup de paramètres qui inquiètent les apiculteurs et les agriculteurs et laisse à penser que le frelon asiatique a encore de beaux jours devant lui.