Ils avaient déjà réussi à faire annuler le cinquième programme, et ils n’ont pas peur de recommencer. La FRSEA Bretagne et JA demanderont à la fin de la semaine au tribunal administratif de Rennes de faire annuler le sixième programme « nitrates », ou DN6.
Une aberration technique
Pour Thierry Coué, président de la FRSEA, ce nouveau programme est une aberration technique aussi bien que politique. « Le nouveau programme donnera du travail supplémentaire aux producteurs, et va à l’encontre de la demande sociale en exigeant d’enfermer plus longtemps les animaux. »
Le programme le plus dur de France
« On a déjà le programme le plus dur de France, dénonce Thierry Coué, et nos efforts ont donné des résultats sur la qualité de l’eau. » Si les objectifs ont été atteints, rien ne permet en revanche de savoir quelles mesures ont été les plus efficaces : le cinquième programme n’a fait l’objet d’aucune analyse a posteriori de la part de la préfecture.
Les syndicats déplorent un manque d’écoute de la préfecture et de prise en compte des contraintes des producteurs, non sans écorner leurs concurrents en cette période d’élection. « On a boycotté les discussions, parce qu’on n’arrive plus à comprendre l’Administration dans son entêtement. Mais nous avons été les seuls à évaluer l’impact de ces nouvelles mesures, les autres syndicats ne se sont pas penchés sur cette question. »
Contrôler avant d’accompagner
L’obstination de l’Administration à mettre en place ce programme trouverait son origine dans la cure d’amaigrissement des instances publiques. « Avec moins de personnel, souligne Thierry Coue, l’Administration veut pouvoir tout contrôler, et c’est pour cela qu’elle met en place des choses antiagronomiques. »
Or les agriculteurs, pour mieux gérer les effluents des élevages, n’ont pas besoin de contrôle, mais de mesures plus adaptées à leurs stratégies environnementales. « Il faudrait par exemple que l’État revoie le partage du foncier. Certains exploitants ne peuvent pas gérer leurs prairies comme ils le souhaitent parce qu’elles sont trop éloignées des sièges de leurs exploitations ».
La procédure enclenchée pourrait durer jusqu’à 3 ou 4 ans, pendant lesquels les agriculteurs tenteront de négocier des contrôles assouplis. Entre-temps, ils resteront mobilisés sur le sujet. Prochaine étape : les discussions autour du plan de gestion de l’azote, qui devrait faire l’objet d’un arrêté dans le courant des prochains mois.