Les 24 000 professionnels de l’agritourisme italien ont dû s’adapter à la crise sanitaire, en profitant de leurs vastes espaces extérieurs et intérieurs. Dans la précipitation du déconfinement, les tables se sont espacées, les interrangs de vigne et les bords de champs ont servi de salles annexes, les menus sont même devenus « pique-nique » ou à emporter. Malgré les surcoûts, ils avaient un atout sanitaire incontestable par rapport aux hôtels-restaurants, que les clients en soif de grand air ont plébiscité.

Formation en ligne

L’hiver dernier, les chefs d’exploitation ont réfléchi aux mutations en cours, notamment avec l’aide de leurs organisations syndicales. Agriturist, la branche de l’accueil à la ferme du syndicat agricole Confagricultura, a formé avec des webinaires quasiment hebdomadaires ses adhérents au tourisme « expérientiel », explique Augusto Congionti, son président.

 

Il s’agit d’un tourisme plus authentique, proche du territoire visité. « Un accueil à la ferme n’est pas un gîte, un couvert et accessoirement une vente de produits », affirme-t-il. C’est une rencontre avec la biodiversité - humaine, gustative, animale et végétale - d’un territoire typé.

Des territoires typés

C’est ainsi que plusieurs fermes se sont lancées dans l’accueil de pèlerins, de cyclistes, de motards et de cavaliers en adaptant leurs services annexes. Ont vu le jour des dégustations, pas seulement de vins mais aussi d’huile d’olive, des cours de cuisine, de jardinage, d’apiculture, des parcours de VTT, des balades autour des plantes médicinales, des cueillettes de champignons, des ateliers de confitures, des soirées de brame du cerf, des portages de bagages…

 

Giulia Feriani s’est, par exemple, équipée de tous les outils nécessaires à la réparation des vélos et a passé un accord avec un loueur pour dépanner, du jour au lendemain, un cycliste en panne. Giulia est à l’initiative d’un réseau d’une vingtaine de membres spécialisés dans le cyclotourisme en Vénétie.

 

L’Italie, pays européen qui compte le plus de signes de qualité, possède des territoires très caractéristiques et une large diversité, rendant cette déclinaison quasi infinie.

Les locaux plus difficiles à séduire

L’Italie, grande destination touristique internationale, accueillait avant la crise 59 % d’étrangers. L’an dernier, seulement 2 % ont passé la frontière, et encore, juste dans les zones transfrontalières alpines.

 

Cette année, Augusto n’en espère pas plus 20 à 30 %. Il s’agit donc de faire rêver le touriste local, qui croit connaître les lieux. De le sortir des sentiers battus en lui faisant porter un autre regard sur une recette, un vin, une forêt, un animal qu’il pense aussi connaître, voire un coucher de soleil.

Une saison 2021 plus courte

Reste qu’en 2021, la saison est soumise au pass sanitaire (depuis le 6 août) et plus courte, car par le passé elle commençait en mai avec les touristes allemands et français et finissait en septembre avec les Espagnols.

 

Depuis deux ans, elle est concentrée en août, le mois de vacances de prédilection des Italiens : un manque à gagner important. Giulia ne se plaint pas, ses dix lits sont réservés de juillet à mi-septembre.

 

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