« En raison du réchauffement climatique, les pollinisateurs volent de façon moins synchronisée et, en moyenne, moins longtemps depuis 60 ans », a communiqué une équipe de chercheurs (1), le 23 décembre 2019, dans la revue Nature Ecology and Evolution.

 

Ainsi, à partir de la plus grande base de données d’insectes pollinisateurs jamais constituée, issue de diverses sources, dont les collections du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), les chercheurs ont étudié les changements de période de vol de 2 000 espèces de pollinisateurs entre 1960 et 2016 dans 20 pays européens.

Vols plus précoces

Il apparaît que les pollinisateurs volent environ 6 jours plus tôt et 2 jours de moins en moyenne. En France par exemple, le pic d’activité des insectes pollinisateurs est désormais au début de juillet, contre la mi-juillet dans les années 1960.

 

Ces réponses varient spatialement – elles sont très fortes dans le sud-ouest de l’Europe mais quasi nulle dans le nord – mais aussi entre espèces – les diptères (groupe des mouches) avancent beaucoup plus leur période de vol que les papillons et les coléoptères, tandis que les hyménoptères (abeilles et guêpes) sont dans la moyenne.

 

Puisque les différents groupes de pollinisateurs tendent à réduire leur période d’activité et n’avancent pas leur période de vol au même rythme, ils se retrouvent de plus en plus isolés au cours de la saison de pollinisation. Cela aboutit à une baisse de la diversité simultanée des pollinisateurs, notamment entre 1980 et 2016 avec une baisse allant de 3 à 9 % en Europe de l’Ouest.

Conséquences négatives sur la pollinisation des cultures

Les changements de période de vol observés ont été mis en regard avec la hausse des températures en Europe. L’étude montre qu’ils se produisent à la suite de l’augmentation brutale des températures entre 1980 et 1995 et non pas entre 1960 et 1980, période où les températures étaient relativement stables.

 

Aussi, des conséquences, a priori négatives, sont à prévoir sur la pollinisation des cultures et des fleurs sauvages. Une menace qui vient s’ajouter au fort déclin des pollinisateurs observé ces quarante dernières années, principalement dû aux pesticides et à la destruction des habitats.

 

 

1. Centre d’écologie et des sciences de la conservation (MNHN – CNRS – Sorbonne Université) et européens.