L’Association of Independant Crop Consultants fait actuellement un lobbying important auprès du Defra, département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales du Royaume-Uni. Pour répondre à sa volonté d’une agriculture plus responsable, elle réclame la séparation de la vente d’intrants du conseil pour les utiliser, comme en France. « C’est la seule façon d’y parvenir », clament en cœur les 200 agronomes privés, forts de leur 50 % de parts de marché.

Guerre des clans

Le conseil indépendant pour les agriculteurs a connu une progression fulgurante dans les années 1980, à la suite du dépôt de bilan d’une importante coopérative, synonyme de pertes financières pour ses adhérents. Les distributeurs classiques ont ensuite réagi pour reprendre la main, car l’impact sur les volumes vendus était important.

« Nous sommes les garants d’une bonne gestion des intrants, affirme Allen Scobie, agronome indépendant. L’Integrated Pest Management (1), que nous avons mis en place, permet de baisser de 50 % les phytos chimiques. »

Les conseillers reconnaissent la nécessité d’avoir des distributeurs capables de créer des filières, mais estiment que ces derniers sont trop partisans dans leurs préconisations, non pas pour les bienfaits des agriculteurs, mais, trop souvent, pour leur compte d’exploitation.

Chez les distributeurs, on se défend de surconsommation. « Nos recommandations sont en fonction des risques encourus, précise Mark Dewes, agronome de la société Agrii, l’un des leaders. Notre offre a évolué au cours des dix dernières années vers une agriculture de précision. Nous allons jusqu’à proposer un service totalement intégré, avec une application dans les fermes par nos propres outils, épandeurs d’engrais ou pulvérisateurs. »

Agrii et les autres distributeurs ont bien entendu le message formulé par les conseillers privés. « Nous réfléchissons à une nouvelle offre, qui n’est pas la séparation du prix du conseil et de celui du produit, mais un partage du risque, poursuit-il. Pour instaurer la confiance avec nos clients, nous étudions une formule de bonus-malus en fonction d’un résultat fixé en début de campagne. Si les objectifs sont meilleurs, le distributeur aura un bonus, s’ils sont mauvais il versera la différence. »

Agriculteurs
satisfaits

L’augmentation du nombre de conseillers privés a créé une multitude d’entreprises vendant uniquement des intrants, en physique ou sur le net. L’effet a été une baisse sensible du prix. « On trouve facilement sur internet plusieurs offres par produit, par plusieurs entreprises différentes, à des prix compétitifs, sourit Katie Sampson, céréalière dans le Kent. J’achète un service à 14 €/ha à mon agronome, puis mes produits en fonction du meilleur prix que je trouve. Cela me procure, pour le blé, jusqu’à 20 % d’économie sur l’achat des phytos. »

Christophe Dequidt

(1) Lutte intégrée contre les nuisibles.