Non loin de la frontière polonaise, Miłosz Rzeszutek travaille dans une exploitation agricole d’environ 12 000 hectares, basée à Zawidowice, en Ukraine. Sur la ferme, 11 000 hectares sont destinés à la culture du maïs grain, 500 hectares aux céréales, et 70 autres hectares sont en prairies.

 

Miłosz Rzeszutek, aussi éleveur en Pologne, est arrivé il y a un an sur la ferme ukrainienne. Il se charge personnellement du suivi du troupeau de bovins allaitants. « En décembre, soixante-douze premières génisses d’élevage de race limousine ont été achetées en Hongrie », indique-t-il.

 

> À lire aussi : Ukraine, des agriculteurs au milieu de la guerre (23/03/2022)

Des circuits de vente modifiés

Le site dispose d’un silo de stockage d’une capacité de 60 000 tonnes, raccordé à sa propre voie ferrée. « Il est en cours d’extension pour atteindre 100 000 tonnes environ », rapporte Miłosz Rzeszutek. S’ajoute à cela une installation de séchage de maïs, d’une capacité de 500 tonnes par jour.

 

Les circuits de vente, qui permettaient jusqu’alors d’acheminer les céréales par voie ferrée jusqu’au port d’Odessa (Ukraine), ont été modifiés à cause de la guerre. « Les stocks invendus partent désormais en direction de la Pologne, en train », poursuit l’agriculteur.

 

Au début du conflit, l’achat de carburant était particulièrement difficile, mais le marché revient peu à peu à la normale, d’après Miłosz. Concernant les engrais, pesticides et semences, « nous avions commandé la plupart de nos produits avant la guerre, mais nous subissons, comme tous les autres agriculteurs en Europe, une forte hausse des prix », reprend-il.

 

> À lire aussi : Avec la guerre, « nous n’avons pas d’intrants pour le moment » (24/03/2022)

Des achats d’animaux revus à la baisse

S’agissant du troupeau, « nous n’avons pas eu encore d’animaux à vendre, mais autant que je sache, les unités d’abattage continuent de fonctionner », explique Miłosz. Le responsable d’élevage continue d’assurer le suivi des bovins : « Pour l’heure, il s’agit surtout d’assister aux naissances et de procéder aux soins de base. »

 

Initialement, la ferme comptait constituer, en l’espace de quelques années, un cheptel bovin reproducteur de 2 000 à 3 000 mères allaitantes. Mais le contexte actuel les contraignent à revoir certains de leurs projets à court terme.

 

« Cette année, nous prévoyons tout de même d’acheter 120 génisses limousines pleines en Pologne », renseigne l’éleveur. Ce dernier envisage également de commander d’autres génisses à Interlim, assurant le service commercial à l’exportation des organisations françaises de reproducteurs de la race limousine.

 

Les génisses pleines de race limousine de Miłosz Rzeszutek, venues tout droit de la Hongrie. © DR
Les génisses pleines de race limousine de Miłosz Rzeszutek, venues tout droit de la Hongrie. © DR

Aide humanitaire

Pour la main-d’œuvre, « un petit nombre de nos employés ont été appelés sous les drapeaux, mais la plupart d’entre eux continuent de travailler selon leurs horaires d’avant-guerre », témoigne Miłosz. Bien que les combats aient épargné la ferme, la menace reste bien présente. « Des bombes sont tombées sur la base militaire de Yavoriv et de Lviv, dans un rayon d’environ 30 km », note-t-il.

 

Depuis le début de l’invasion russe, les exploitants ont fourni quelques voitures à l’armée ukrainienne. « Nous essayons d’aider l’armée et la population locale autant que possible, notamment avec l’aide humanitaire de la Pologne. »

 

> À lire aussi : « J’attends de grosses pertes sur ma ferme » avec la guerre (22/03/2022)