Le recyclage du lisier en énergie se profile comme un enjeu économique autant qu’écologique pour la filière laitière néerlandaise. En prévision de la mise en place d’un nouveau système de quotas de production de lisier contraignant, un millier d’exploitations vont s’équiper de silos de fermentation de lisier afin de produire du gaz et de l’électricité.
« À côté de l’énergie produite par mon silo, je vais pouvoir fertiliser mes terres avec le lisier fermenté, ce qui devrait augmenter ma production de pâturage et se traduire par davantage de revenu dans quelques années. En outre, la fermentation en silo s’effectue plus vite. » Autant de perspectives ayant déterminé Pieter Heeg, un exploitant de Frise de 27 ans, à franchir le pas.
Comme ses collègues, cet éleveur entend profiter de la nouvelle impulsion en matière de recyclage de lisier initiée par la coopérative FrieslandCampina à l’attention de ses 14 000 membres affiliés. Du fait des conditions d’achat et de financement privilégiées proposées par une structure créée ad hoc par FrieslandCampina, ces nouveaux équipements de recyclage sont désormais à portée des finances des exploitants.
150 M€ de subvention
Par l’intermédiaire d’une banque affiliée au projet, les éleveurs bénéficient d’emblée d’un prêt en leasing sur 12 ans. Une indemnisation de 10 € par tonne de CO2 recyclée leur sera aussi versée par la coopérative. En outre, le ministère de l’Économie néerlandais a subventionné le projet à hauteur de 150 millions d’euros. À noter toutefois que le projet n’est financièrement viable que pour les cheptels de plus de 150 têtes.
Les éleveurs ont le choix entre trois types de silos de fermentation dont le prix d’achat varie du simple au quadruple (de 150 000 € à 700 000 €). Pour sa part Pieter Heeg, avec son troupeau de 165 vaches, a opté pour un silo bioélectrique de 150 000 € capable de produire 175 000 kWh par an, de quoi alimenter en énergie une quarantaine de foyers.
Les retombées financières s’avèrent mirobolantes. Pour les exploitations équipées d’étables à caillebotis, disposant de 150 vaches, les bénéfices après déduction des coûts, sont évalués à 5 000 € par an. Pour celles ayant 300 têtes de bétail avec un « plancher fermé », ils passent à 70 000 € par an.
De toute évidence, l’ensemble du dispositif vise à répondre aux exigences fixées par le nouveau mécanisme de quotas de lisier entrant en vigueur en 2017. En l’état, à moins de prendre des mesures adéquates, nombre d’exploitants en proie à des surplus de lisier, pourraient être obligés de réduire leur cheptel.