Pressés par la récession économique causée par le Covid-19, les députés ukrainiens ont décidé dans la nuit du 30 au 31 mars 2020 de la libéralisation du marché foncier agricole à partir du 1er juillet 2021. La levée d’un moratoire sur le négoce de la terre, un des critères d’aide du FMI, a été très critiquée. Le projet initial a été largement amendé pour limiter les achats à 100 hectares par acquéreur. De nombreuses considérations techniques doivent être mises en place, et la question de la participation des étrangers sera réglée par référendum.

Un vote salué à l’étranger

Portant des masques et des gants en raison de l’épidémie du coronavirus, ce sont 259 députés qui ont voté en faveur de cette réforme, saluée par les ambassadeurs des pays du G7 et qualifiée d’« historique » par la présidence ukrainienne. Spécificité du pays, les exploitants agricoles ne sont pas propriétaires de leurs terres, leur commercialisation étant interdite. Leurs champs sont constitués de centaines de petits lots, loués auprès des propriétaires qui les ont obtenus à la chute de l’URSS.

Jusqu’à 10 000 hectares en 2024

La loi prévoit qu’à partir de 2024, les entreprises ukrainiennes pourront acquérir jusqu’à 10 000 hectares. L’Ukraine dispose de 32,5 millions d’hectares de terres arables parmi les plus fertiles au monde, mais la productivité y demeure faible, notamment en raison d’un manque d’investissements.

 

Pour obtenir 8 milliards de dollars du FMI, Kiev doit encore adopter une deuxième loi, votée en première lecture la veille, interdisant l’annulation de la nationalisation de la première banque du pays, Privatbank. Cette nationalisation est contestée par son ex-propriétaire, le sulfureux oligarque Igor Kolomoïsky, considéré comme un proche du président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Soit on adopte deux lois d’importance cruciale », soit on risque « la chute économique et même la menace d’un défaut de paiement », a prévenu dimanche Volodymyr Zelensky dont le pays est parmi les plus pauvres en Europe.