Fruit d’une collaboration entre agriculteurs et acteurs locaux des filières de la luzerne et de l’apiculture, le projet Apiluz, déployé à grande échelle en 2021, a été reconduit en 2022. L’objectif : maintenir des bandes de luzerne non fauchées de trois mètres de largeur dans les parcelles de deuxième et de troisième années, en juin et juillet pour assurer une ressource alimentaire aux pollinisateurs en période de disette.

 

En 2021, ces bandes représentaient 552 hectares répartis dans huit départements (1) du nord-est de la France, dont 71 % des surfaces étaient situées dans la Marne, permettant d’impacter 193 apiculteurs de ce département.

Décaler le non-fauchage ?

Alain Tanet, agriculteur et apiculteur marnais basé à Epoye, reconnaît l’intérêt du dispositif pour nourrir ses abeilles, mais appelle à des ajustements : « Les bandes restent en place au moment de la première coupe des luzernes. Il serait intéressant de procéder au non-fauchage au moment des coupes suivantes et ainsi préparer les abeilles pour l’hiver. »

 

Une proposition pour laquelle Hervé Lapie, président de Symbiose, association porteuse du projet, s’est dit ouvert à la discussion, tout en rappelant qu’il est primordial de « conserver de la luzerne de qualité et de prendre en compte les contraintes des groupes luzerniers ».

 

Eric Masset, président de Coop de France déshydratation, souhaite que ce dispositif soit mieux reconnu. Il propose que les bandes non fauchées soient bien valorisées dans le cadre de la BCAE 8 relative au maintien de la biodiversité (2) dans la future Pac. Quant à Hervé Lapie, il appelle de ses vœux une meilleure valorisation financière des producteurs de luzerne impliqués dans Apiluz : « Une rémunération pour services rendus à l’environnement et non plus uniquement pour le manque à gagner. »

(1) Marne, Aube, Ardennes, Aisne, Yonne, Seine-et-Marne, Meuse et Val-de-Marne. (2) Bonnes conditions agricoles et environnementales.