La majorité des études portant sur l’effet des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs s’intéresse à l’abeille domestique. Cette fois, c’est des abeilles sauvages qu’il s’agit. Des chercheurs anglais ont publié hier, le 16 août 2016, les résultats de leur analyse d’impact de l’introduction des néonicotinoïdes sur les populations d’abeilles sauvages en Angleterre.
Dans leur étude, la persistance des abeilles sauvages dans l’environnement est diminuée par l’exposition aux néonicotinoïdes. Ces résultats sont observés à la fois chez les espèces butineuses de colza et chez celles qui se nourrissent sur d’autres plantes. Mais ils sont 3 fois plus marqués chez les butineuses de colza.
62 espèces d’abeilles concernées
Les relevés d’abeilles sauvages analysés par les chercheurs du NERC (Centre pour l’écologie et l’hydrologie) ont été réalisés sur le territoire anglais entre 1994 et 2011, soit avant et après le début de l’utilisation des néonicotinoïdes en Angleterre, en 2002. Ils concernent 62 espèces d’abeilles sauvages dont 34 qui butinent le colza.
L’auteur principal de l’étude, Ben Woodcock, insiste toutefois sur l’aspect multi-factoriel du déclin des pollinisateurs : si l’utilisation des néonicotinoïdes est « un facteur majeur » de ce déclin, le scientifique rappelle qu’il est aussi dû à la perte d’habitat, à des agents pathogènes, au changement climatique et à d’autres insecticides.
Peu d’impact des applications foliaires
Pour les auteurs de l’étude, même s’il peut y avoir des mécanismes d’exposition des abeilles sauvages par les sols contaminés, cette étude montre que le butinage est le « principal mécanisme d’exposition affectant la persistance de la population ».
Les auteurs ont constaté que « l’application d’insecticides foliaires avait peu ou pas de conséquences négatives pour la persistance des populations d’abeilles sauvages ». Ils expliquent que ces résultats pourraient être liés aux mesures prises en Angleterre pour limiter le risque d’exposition des abeilles aux insecticides, avec en particulier des applications pendant leurs périodes de faible activité, « le soir ou tôt le matin ». Leurs données ne permettent cependant pas de tester directement cette affirmation.
Avis de l’Efsa sur les néonicotinoïdes
Cette étude fait partie de celles sur lesquelles l’Agence européenne de sécurité sanitaire (Efsa) se basera pour formuler son nouvel avis, attendu pour début 2017, sur la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame. Ces 3 substances actives font l’objet d’un moratoire depuis 2013.