Les collines pentues de Tanneron forment un vaste territoire où poussent les mimosas sauvages et cultivés. À 3 kilomètres à vol d’oiseau de la mer Méditerranée, le microclimat et la terre leur sont favorables.

De janvier à mars, sécateur en main, Bernard Vial arpente sa plantation de 5 ha de cette variété d’acacia originaire d’Australie. Il sélectionne les plus belles branches, dont les petits boutons jaune d’or deviendront de rondes fleurs duveteuses. Son épouse Bernadette et parfois leurs enfants préparent les bouquets vendus sur place. Avenant, peu avare de sourires, l’homme, bientôt retraité, aime parler de l’histoire de l’entreprise familiale. Avec son accent méridional, il raconte que sa grand-mère est arrivée d’Italie au XIXe siècle. « Ici, on travaillait les jonquilles et les fraises. » Le mimosa n’était qu’un curieux arbuste exotique qui poussait dans les jardins des Anglais fortunés venant sur la Riviera. Sa floraison en plein hiver émerveillait, mais une fois coupées, les branches dépérissaient.

« Un jour, un jeune homme amoureux a offert une branche en boutons à sa belle. Celle-ci l’a posée dans la buanderie chaude et humide où elle travaillait et le lendemain les fleurs étaient ouvertes, sublimes. Ainsi sont nées les forceries », conte le producteur. Les mimosas ont proliféré ainsi que le marché du bouquet. Chaque hiver, le massif entre Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) et Fayence (Var) revêt son manteau jaune.

Des centaines de visiteurs

La forcerie est une pièce close et chaude où un brûleur fait évaporer l’eau et crée 95 % d’humidité. Les bouquets sont entreposés debout durant 48 h et les fragiles pompons jaunes s’épanouissent. Bernard Vial explique ce procédé aux centaines de visiteurs du monde entier qu’il accueille chaque année. Conseillés par les offices de tourisme, ils sont pressés de rencontrer ce mimosiste, qui apparaît aux journaux télévisés de France 2 et de TF1. « Les trois cents forceries du secteur ont fermé, car nous reproduisons désormais le forçage avec une hormone de fleurissement que les clients diluent dans un vase rempli d’eau chaude », précise-t-il.

Quand la saison prend fin, celui qui aime passer de longues heures dans les collines retourne à ses ruches et chasse la bécasse avec son chien Jojo. Alexie Valois