En quelques années, les dégâts d’oiseaux – particulièrement de pigeons sur tournesol et de corbeaux sur maïs – sont devenus une préoccupation majeure pour les producteurs. Selon Terres Inovia, la baisse des surfaces de tournesol de 14 % entre 2012 et 2016 ne s’expliquerait pas autrement. Au total, presque un tiers des parcelles subiraient des attaques. Les données disponibles mettent en évidence la responsabilité du pigeon ramier et du corbeau freux, en tant que principaux déprédateurs du tournesol. Les dégâts des colombidés débutent dès le stade crosse du tournesol et se poursuivent jusqu’à l’apparition des premières feuilles vraies. Quand la tige est coupée, la perte est totale, alors qu’une lésion des cotylédons ne fait en général que retarder la plante. Quant aux corbeaux, ils ont plutôt tendance à consommer les graines.
Face à ce problème, les agriculteurs et les instituts techniques tentent de réagir, même si la riposte est difficile et les résultats aléatoires. La première mesure est agronomique. Elle consiste à favoriser une levée rapide et homogène, en installant des graines dans un terrain suffisamment réchauffé et peu motteux. « Depuis 2016, nous testons aussi le semis de tournesol sous couvert d’orge, le but étant d’assurer une confusion visuelle à un coût raisonnable, sans pénaliser la culture », explique Claire Martin-Monjaret, ingénieur chez Terres Inovia.
L’an passé, le couvert d’orge a été implanté à trois dates différentes, et détruit à quatre feuilles du tournesol. « Si les attaques d’oiseaux sont restées modérées, le tournesol a souffert de la compétition avec l’orge, reconnaît Claire Martin-Monjaret. Ce printemps, les essais sont reconduits, en ne conservant que la date de semis médiane pour l’orge, en faisant varier la densité de semis et en comparant deux dates de destruction, dont une avant le semis du tournesol. »
Répulsifs : résultats en demi-teinte
Une autre voie consiste à faire appel aux répulsifs, appliqués en traitement en plein sur la parcelle. Terres Inovia a mis en place un réseau de trente et une parcelles en 2016, où ont été testées les spécialités Avifar (de la société Hexagri) et AMO 03-09 (de la société Peyraud Nature). Selon les deux firmes, le positionnement optimal de ces produits à base de mélange d’oligo-éléments pour le premier et d’épices + NPK pour le second, se situe entre le stade crosse du tournesol et une feuille, ce qui a conduit en 2016 à des applications entre huit et seize jours après le semis selon les levées.
« Un problème se pose en cas de levée hétérogène, remarque Claire Martin-Monjaret. Par ailleurs, il est préférable de passer quand aucune pluie n’est prévue dans un bref délai après l’application, afin d’éviter le lessivage du produit. En termes d’efficacité, les résultats se révèlent d’une grande variabilité entre parcelles. Nous avons constaté un léger effet répulsif de l’Avifar et une augmentation du peuplement de l’ordre de 4 000 pieds par hectare pour l’AMO 03-09. Ceci est à mettre en balance avec un investissement de l’ordre de 40 à 50 euros par hectare. »