« La Commission européenne a publié le 7 avril 2020 une proposition de décision soumise au Parlement européen et au Conseil visant à octroyer l’équivalence aux semences de céréales produites en Ukraine, leur permettant ainsi d’être commercialisées sur le territoire européen », informe l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) mercredi 10 juin 2020 .
« Alors que la crise du Covid-19 nous montre la nécessité d’assurer la souveraineté pour des activités stratégiques comme la production de semences, cette proposition apparaît totalement inappropriée », estiment les producteurs.
La production de semences de maïs en France concerne en effet 3 200 exploitations et couvre 65 000 ha en moyenne. « Cette activité reste toutefois fragile et les multiplicateurs sont dans une situation économique difficile », ajoutent-ils.
Les derniers chiffres communiqués par la FNPSMS (Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho), sur la base d’une étude commanditée à CER France, font ainsi état d’une dégradation des marges à la production depuis plusieurs campagnes, avec une marge brute moyenne en 2018 qui atteint son niveau le plus bas depuis 2007.
Étudier les conséquences de cette décision
« Il est inimaginable que la Commission européene, sous couvert de « mesure technique », prenne une décision aussi impactante, sans se donner la peine d’une étude des conséquences économiques et sociales, et sans véritable discussion », juge Pierre Vincens, président d’AGPM maïs semence.
« L’écart de compétitivité mettra inévitablement les réseaux de production en concurrence au détriment de la rémunération des producteurs européens et français, avec un risque réel de délocalisation d’une partie de la production, considèrent les maïsiculteurs. Les agriculteurs ukrainiens bénéficient aussi de normes de production qui ne sont pas celles de l’Europe, avec un accès à des produits phytosanitaires interdits, parfois depuis très longtemps dans l’Union européenne, comme l’atrazine. »
Comme il s’agirait d’une distorsion de concurrence, l’AGPM maïs semence souhaite donc que la Commission européenne réalise une étude d’impact avant toute prise de décision.