Après une décennie de baisse continue des coûts, les énergies renouvelables ont vu leur compétitivité renforcée par la crise énergétique de 2021-2022. Les filières du photovoltaïque et de la méthanisation ont tiré leur épingle du jeu face à la flambée des prix de l’énergie en Europe, amorcée en 2021 et aggravée par la guerre entre l’Ukraine et la Russie. C’est ce que révèle une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe) publiée à la fin de janvier 2025 sur l’évolution des coûts de production des énergies renouvelables.

Des coûts réduits pour les installations solaires

En 2022, le photovoltaïque représentait la troisième source d’électricité renouvelable en France (16 %), derrière l’hydraulique et l’éolien. La méthanisation en cogénération, bien que marginale (2 %), contribue également à la production d’électricité renouvelable.

La filière photovoltaïque s’est fortement développée, passant de 0,3 gigawatt (GW) installé en 2009 à une capacité de 16,7 GW à la fin de 2022. La production française totale s’établit à 20,6 TWh en 2022, soit une hausse de 30 % par rapport à 2021. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2) fixe l’objectif de 35,1 à 44 GW installés en 2028.

Selon les chiffres de l’Ademe, le coût actualisé de l’énergie, LCOE (1), des installations électriques renouvelables est devenu plus compétitif que celui des centrales à gaz (CCGT), filière conventionnelle de référence. En 2022, les installations éoliennes terrestres et photovoltaïques de plus de 100 kilowatts-crête (kWc) affichent des LCOE 2,2 à 2,9 fois inférieurs à ceux des centrales à gaz (172 € HT/MWh en 2022). Celui des installations solaires au sol de plus de 500 kWc est par exemple de 70 € HT/MWh. Seules les installations de cogénération à partir de biogaz ont des LCOE moins avantageux (188 € HT/MWh), avec des coûts supérieurs de 10 %.

La hausse généralisée des coûts ces dernières années, moindres pour les énergies renouvelables que pour les centrales à gaz (LCOE multiplié par 3,3 en deux ans du fait de la hausse des prix du gaz), a conduit l’ensemble des filières de production d’électricité renouvelable à devenir compétitives en 2022.

La baisse du prix du gaz observée depuis 2022 devrait néanmoins permettre aux centrales à gaz à cycle combiné (CCGT) de redevenir compétitives. « Face à ces évolutions rapides, les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables restent utiles (complément de rémunération) » pour réduire le risque perçu par les investisseurs tout en limitant les coûts pour l’État, souligne l’Ademe.

Un essor notable de la méthanisation

La méthanisation est la principale filière de production de gaz renouvelable en France. À la fin de 2023, 34 % des 1 920 installations de méthanisation valorisaient le biogaz sous forme de biométhane injecté dans le réseau, représentant une capacité maximale de production de 11,8 TWh/an.

Selon l’Ademe, l’objectif de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2) de 6 TWh PCS de biométhane en 2023 a été largement dépassé, avec 9,1 TWh PCS injectés, soit 2,3 % de la consommation primaire de gaz naturel.

En 2021 et 2022, le coût actualisé du biométhane oscille entre 100 et 115 € HT/MWh en fonction de la taille de l’installation. Il a légèrement diminué par rapport à 2015 grâce à l’amélioration des conditions de financement et à la baisse des dépenses d’investissement, après correction de l’inflation. Le prix du biométhane s’est rapproché de celui du gaz en 2022 en raison de la forte hausse des prix du gaz naturel, mais il est depuis redescendu autour des 30 €/MWh.

Les énergies renouvelables sont devenues des filières compétitives, voire très compétitives, pour la production d’électricité et de gaz en France, en particulier le photovoltaïque et la méthanisation. Leur progression est nécessaire pour atteindre les objectifs de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie.

(1) LCOE, ou Levelized Cost of Energy, représentant le coût actualisé de l’énergie, est un indicateur de référence pour calculer le prix de l’énergie produite par un actif pour une technologie donnée. Exprimé en €/MWh, il prend en compte l’ensemble des coûts de production d’un équipement (investissements, coûts d’exploitation et de maintenance, coûts éventuels de démantèlement) sur sa durée de vie avec l’énergie produite, estimée sur cette même durée.