Pourquoi avez-vous mis en place la formation « Maîtriser l’actualité sociale pour une meilleure gestion de son personnel ? »
Les projets de recrutement en agriculture ont bondi en 2017 de 14 % par rapport à 2016. Et 2017 n’est pas à considérer comme une année particulière. Nous savons que les besoins en recrutement sont importants, et ce, depuis longtemps. Mais la cadence s’accélère et ils concernent maintenant tous les départements de la région. Il existe par ailleurs une tension sur le marché de l’emploi : en Bretagne, il faut en moyenne quatre mois pour trouver un salarié en production agricole. Face à ce constat, les enjeux de recrutement et d’emploi deviennent cruciaux. Les employeurs doivent maîtriser les clés des conditions minimales d’emploi, et ils doivent aussi connaître celles qui sont laissées à leur libre arbitre, en vue d’une meilleure performance.
Est-ce à dire que maîtriser l’actualité sociale va faciliter le recrutement ?
Nous pouvons expliquer aux employeurs quels sont les leviers dont il dispose pour atteindre des objectifs en termes de recrutement et de pérennisation des embauches. Quand un employeur recrute, il doit mettre toutes les chances de son côté face à la concurrence. Il doit pouvoir optimiser les moyens que la législation du travail ou la législation sociale mettent à disposition. De plus, l’employeur doit maîtriser l’actualité sociale dans un contexte de rénovation du système social. Plusieurs chantiers sont en évolution, et c’est difficile pour l’employeur de tout suivre sans formation. Les employeurs en sont conscients, ils ont besoin d’expertise.
De quel type d’actualités sociales parlez-vous précisément ?
C’est le cas notamment de la réforme du code du travail, qui a été entamée depuis plus d’une décennie, et qui apporte des précisions en matière de réforme de la négociation collective en valorisant la négociation d’entreprise. Il y a aussi des assouplissements des modalités d’élections de représentants du personnel dans les TPE. Par ailleurs, la réforme du financement de la protection sociale a des impacts concrets pour les employeurs et pour les salariés. Ainsi, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi est supprimé en 2019, avec parallèlement une réduction des charges patronales. L’employeur doit comprendre pour pouvoir les utiliser en adaptant, le cas échéant, ses conditions d’emploi et de rémunération. Des aménagements à ces allègements existent pour la production agricole. Nous leur donnons les clefs pour les mettre en œuvre et en bénéficier de manière optimale.
Les groupes de formation sont adaptés en fonction des besoins des employeurs. Chaque formation dure 7 heures. © DR
De plus, les différentes solutions d’épargne salariale sont encouragées dans les petites entreprises avec l’exonération du forfait social sur les rémunérations perçues au titre de l’intéressement ou de l’abondement au plan d’épargne entreprise. Enfin, la volonté de nos gouvernants de rendre le travail plus attractif en termes de rémunération se traduit de différentes manières : baisse des parts salariales, exonération sociale et fiscale de la rémunération des heures supplémentaires, prime exceptionnelle du pouvoir d’achat à la fin de 2018 et au début de 2019, et revalorisation de la prime d’activité. Autant de leviers que les employeurs doivent maîtriser et expliquer aux salariés.
Constatez-vous sur le terrain une recrudescence des interrogations de la part des agriculteurs autour de ces réformes ?
Les employeurs subissent l’accélération de ces réformes et ils veulent continuer à maîtriser les politiques sociales à mettre en œuvre, ils veulent connaître dans quel cadre ils peuvent le faire chez eux. Ainsi, la maîtrise des allègements de parts patronales suppose de la rigueur dans les conditions d’emploi traduites dans les contrats de travail, les aménagements du temps de travail, la gestion des congés, et les déclarations sociales nominatives. C’est un travail d’orfèvre à mener tout au long de l’exécution du contrat de travail. D’autant que les employeurs ont aussi désormais à gérer des domaines dont l’État se décharge. Il suffit de regarder la complémentaire santé : la réforme date de 2008, mais les employeurs la subissent au quotidien en cas d’entrées et de sorties récurrentes de personnel. Ensuite, il y a eu en 2017 la DSN, la déclaration sociale nominative que l’employeur doit traiter mois par mois et sous son entière responsabilité, alors qu’auparavant la MSA assurait le calcul et l’appel des cotisations sur salaires. Et cette année, il y a le prélèvement de l’impôt à la source où l’État confie aux entreprises le soin de collecter l’impôt sur le revenu des salariés.
Plus question de faire ses paies soi-même sans être doté d’un logiciel de paye ou sans faire appel à une compétence externe !
Il est donc facile d’imaginer que les employeurs ont besoin d’être éclairés et formés en vue de nouveaux apprentissages. Désormais, plus question de faire ses paies soi-même sans être doté d’un logiciel de paye ou sans faire appel à une compétence externe ! Pour autant, les employeurs doivent conserver la maîtrise de leur gestion du personnel et la stratégie sociale de l’entreprise. Les formations que nous proposons doivent permettre aux employeurs de s’adapter, de comprendre les réformes et leurs enjeux et de prendre les décisions en toute conscience. Dernier point : l’État se décharge aussi en matière de création normative, puisque les entreprises ont la possibilité de créer leurs propres règles via l’accord d’entreprise. Cela fait beaucoup pour des entreprises agricoles, qui sont souvent des TPE !
Mais une fois le constat fait, les employeurs prennent-ils réellement le temps de s’informer et de se former sur ces sujets ?
Nombre d’entre eux sont tout à fait conscients de l’enjeu. Des changements sont lourds de conséquences pour leur entreprise, et ils constatent qu’ils doivent passer plus de temps au bureau à traiter ces dossiers et aussi les demandes individuelles des salariés parce que pour l’un c’est la complémentaire santé, pour l’autre, ce sera le prélèvement à la source même si en la matière le seul interlocuteur du salarié seront les services fiscaux, etc. Et ça n’est pas qu’une question de temps, c’est aussi une question de compétences. Certains ont embauché des personnes spécialisées dans le suivi de la gestion de l’emploi, et parfois ils ont créé un groupement d’employeurs pour cela : ils ont investi dans un logiciel de paye, dans une personne-ressource qui s’occupe de la RH et de toutes les formalités administratives, etc. Il existe plusieurs solutions d’organisation en la matière.
Le bulletin de paye en version DSN est le début d’une chaîne d’informations capitales qui engagent durablement l’employeur.
Quel que soit le dispositif retenu, les employeurs comprennent qu’ils doivent investir sur ce volet pour être efficace. Auparavant, quand un employeur faisait un bulletin de paye, il avait terminé son travail. Aujourd’hui, le bulletin de paye en version DSN est le début d’une chaîne d’informations capitales qui engagent durablement l’employeur dans le cadre d’une longue chaîne de transmission des informations entre différents acteurs : employeurs et salariés bien entendu, mais aussi toutes les institutions de protection sociale légale et complémentaire, l’administration fiscale et demain d’autres opérateurs sans doute ! Les employeurs savent qu’ils doivent s’investir sur ces sujets en participant notamment à des formations pour garder la maîtrise de la gestion du personnel et ne pas tout déléguer de manière inopportune. Lors de nos formations, nous analysons avec eux les textes de loi et réglementaires pour leur transmettre de nouveaux savoir-faire à mettre en œuvre chez eux.
Les prochaines formations se tiendront le 12 février 2019 et le 26 février 2019 (durée : 7 heures). Elles concernent tous les types d’employeurs (de 1 à plus de 50 salariés) et tous les types de production. Les groupes sont adaptés en fonction des besoins de l’employeur. Ainsi, la formation du 26 février sera consacrée aux bases à maîtriser pour embaucher. Pour plus de renseignements, s’adresser à Agriformation : agriformation29@gmail.com ou agriformation.bretagne@gmail.com.