« On n’a jamais le temps de s’ennuyer. » Éléonore Fournaise est exploitante à Laval-d’Estrebay, dans le nord des Ardennes, et est associée à son mari, Aurélien, au sein du Gaec de la Vallée blanche. Leurs journées sont bien remplies. « Notre métier est notre projet de vie », confient-ils. Élevages de charolaises et de volailles fermières, travaux des champs, atelier de poules pondeuses, association au sein d’un magasin de producteurs, etc. : les deux exploitants, installés sur une SAU de 140 hectares, s’appuient aussi sur leurs deux salariées pour mener de front leurs différentes activités.

À chaque salariée ses missions

Nicole, en CDI depuis un an, prépare les commandes et se rend sur les marchés locaux pour vendre les produits de la ferme.

Katy a été recrutée en août 2018 lorsque l’exploitation s’est associée à l’Authentique fermier, un magasin de producteurs situé à 45 km de la ferme. Elle y tient régulièrement une permanence. « C’est important qu’une personne de l’exploitation soit présente. Les clients apprécient de nous rencontrer pour qu’on leur parle de nos produits », explique-t-elle.

Katy s’occupe également du conditionnement des œufs et des préparations de commandes. Pour cela, elle a suivi une formation de deux jours portant sur les bonnes pratiques d’hygiène et la réglementation sanitaire, à la suite de démarches réalisées par son employeur Éléonore auprès de la chambre d’agriculture des Ardennes.

Proposer des formations adaptées

« La formation est obligatoire pour réaliser le conditionnement des œufs, reprend Katy. J’ai pu échanger avec des personnes ayant des activités différentes de la mienne. J’ai appris beaucoup de choses, notamment sur les produits que je peux ou non utiliser, mais également sur les bactéries qui sont susceptibles de se développer. Nous avons également visité un laboratoire, ce qui m’a permis d’avoir une vision très pratique de ce que je venais d’apprendre. »

La formation a coûté un peu plus de 400 euros. Une partie du montant peut être prise en charge par le Fafsea, organisme financeur de la formation professionnelle.

Donner des perspectives

D’autres formations sont déjà programmées pour les deux salariées. La DDCSPP (direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) a octroyé une dérogation provisoire au Gaec, le temps des fêtes, pour le lancement d’une nouvelle activité : l’abattage de volailles dans un laboratoire flambant neuf. Cette nouvelle activité requiert plusieurs formations que les salariées suivront en janvier.

140 paniers garnis ont été commandés au Gaec de la Vallée blanche pour les fêtes de fin d’année © A. Fournaise

La première formation, qui se tiendra dans les Côtes-d’Armor, traitera du respect du bien-être de l’animal au moment de l’abattage. Éléonore et Katy s’y rendront ensemble. « La formation est loin, mais aucune n’était programmée aussi tôt à proximité et c’est impératif qu’on la réalise au plus vite », explique Éléonore. La seconde formation portera sur le retrait des carcasses de volailles impropres à la consommation humaine.

Katy se réjouit de ces nouvelles formations car elle « sait qu’elle va apprendre des choses utiles pour le développement des activités de la ferme ». Son métier est loin d’être monotone. « C’est valorisant de suivre des formations, ça m’ouvre à de nouvelles missions. J’ai vraiment envie que les projets de la ferme aboutissent. »

Les premières volailles abattues au cœur de l’exploitation. © B. Quantinet/GFA

Associer ses salariés aux décisions

Lorsqu’elle parle de son travail, Katy a le sourire aux lèvres. « Mes patrons m’associent aux décisions et me demandent mon avis, c’est valorisant et je trouve qu’on fait un vrai travail d’équipe. Je me sens impliquée et je n’ai pas l’impression d’être une simple exécutante. J’ai des patrons en or. »

La bonne entente entre les deux exploitants et leurs salariées est palpable, malgré le rythme de travail soutenu, qui n’est pas près de s’arrêter. La mise en place de la tuerie au cœur de l’exploitation ouvre en effet de nouvelles perspectives.

Le couple a pour projet d’amplifier l’activité des volailles avec la construction d’un nouveau bâtiment et de nouvelles recettes : pâté en croûte de volailles, mousse de foie, saucisses… Les idées fusent.

Pour 2019, Éléonore et Aurélien souhaitent que leurs projets réussissent. Cela nécessitera-t-il l’embauche d’un nouveau salarié ? Éléonore répond sans hésiter : « Pour faire de l’administratif 2 heures par jour, ce serait super. »

Bertille Quantinet