Le code du travail affirme bien qu’il relève de la responsabilité de l’employeur de protéger la santé des salariés. Durant la pandémie de coronavirus Covid-19, ce devoir se traduit par des formes précises de protection, qu’il y ait ou non des malades sur l’exploitation :

  • Les gestes barrières généraux pour éviter la propagation du virus ;
  • Les fiches métiers spécifiques au monde agricole ;
  • La modification en conséquence du document unique d’évaluation des risques.

Les gestes barrières

Les gestes barrières visent à freiner la transmission du coronavirus. Ils sont diffusés régulièrement depuis le début de l’épidémie. Ils sont au nombre de cinq :

  • Se nettoyer souvent les mains avec du savon ou une solution hydroalcoolique ;
  • Éternuer ou se moucher dans sa manche ;
  • Éviter de se toucher le visage ;
  • Ne pas se saluer en se serrant les mains ou par des embrassades ;
  • Garder une distance d’un mètre entre chaque personne.

On peut aussi ajouter l’obligation de confinement, à laquelle le secteur agricole déroge parce qu’il est considéré comme essentiel à la vie du pays. Le savon, ou la solution hydroalcoolique, sert à détruire l’enveloppe du virus. La distance d’un mètre permet de ne pas transmettre le virus par le biais de particules humides émises lors de conversations et qui retombent à plusieurs dizaines de centimètres.

Recommandations

Dans les conditions de travail, il découle de ces gestes barrière quelques recommandations pratiques :

  • Une seule personne à la fois pour se laver les mains au lavabo ;
  • Un lavage fréquent des mains après chaque client, après un changement d’outil, avant et après la prise de poste, à chaque fois qu’on retire un équipement de protection individuelle, etc ;
  • La mise à disposition dans les champs de jerricans d’eau claire, de savon liquide et d’essuie-mains ;
  • La mise à disposition de sacs-poubelle spécifiques pour jeter les mouchoirs immédiatement après usage ;
  • L’orientation, en priorité, des salariés vers les robinets et les distributeurs automatiques de savon pour éviter la transmission par le robinet.

Des ressources en langues étrangères

Il est possible d’imprimer l’affiche mise à disposition par le ministère de la Santé. Vous la trouverez en cliquant sur ce lien. Pour les salariés étrangers, des vidéos ont été réalisées par des étudiants en médecine et des urgentistes de Toulouse. Elles présentent ces gestes barrières dans d’autres langues, notamment en anglais, en espagnol, en roumain, en turque.

D’autres langues encore sont disponibles en cliquant sur ce lien.

Des fiches spécifiques au travail agricole

En lien avec le ministère du Travail, la MSA a édité des fiches métiers pour la production agricole. Elles listent les bonnes pratiques de lutte contre le coronavirus Covid-19. Il existe d’autres fiches pour d’autres métiers sur le site du ministère du Travail. En plus des gestes barrières, les fiches se focalisent sur l’organisation du travail et sur l’organisation des espaces. Pour tenir compte de la lutte contre le Covid-19 dans l’organisation du travail, les points suivants doivent être modifiés :

  • La transmission des consignes : utiliser les outils numériques plutôt que le face-à-face, anticiper les achats de fournitures pour éviter les contacts à la livraison, supprimer les réunions en présentiel, éviter la transmission des supports entre les individus (crayons, papiers, etc.) ;
  • Les flux de personnes : mettre en place des entrées et des sorties différenciées, ne pas permettre le covoiturage et éviter les transports collectifs, ne pas faire d’embauche collective avec des regroupements devant les bâtiments ou les champs, nettoyer les volants et les commandes entre deux chauffeurs successifs ;
  • L’organisation des situations de travail : respecter les distances entre les individus ; si ce n’est pas possible, par exemple sur les chaînes de conditionnement, privilégier le côte-à-côte distancé plutôt que le face-à-face, pratiquer la pose et la dépose pour se passer les charges, limiter les rotations de poste ;
  • Le nettoyage des matériels, des outils et des locaux : nettoyer les surfaces dès que possible, s’attarder sur les zones sensibles (poignées de porte, etc.) et les sanitaires, nettoyer les outils quand un autre salarié s’en empare et à chaque fin de service, nettoyer et désinfecter un local qui aurait accueilli une personne contaminée ;
  • La vente aux consommateurs : privilégier le paiement sans contact, faire respecter une distance d’au moins un mètre avec la personne derrière le comptoir, éventuellement en le matérialisant par un marquage au sol, déposer les produits sur le comptoir avant que le client s’en empare pour éviter d’entrer en contact, faire en sorte que le client ne touche pas les produits ;
  • Les situations de chantier proprement dit : réduire le nombre de personnes sur un même chantier ou sinon bien respecter les mesures de distanciation, limiter à une seule personne la présence en cabine, nettoyer la cabine avant et après chaque prise de poste, attribuer un seul véhicule ou machine par personne, mettre des jerricans, du savon, des essuie-mains et des sacs-poubelle à la disposition des personnes qui travaillent dans les champs.

Le port des équipements de protection individuelle est bien sûr nécessaire mais, dans ce cas, il faut être attentif au risque de contamination qui pèse sur les gants portés au visage. Privilégiez le lavage fréquent des mains.

L’organisation des espaces de travail

L’organisation des espaces de travail doit aussi être repensée pour tenir compte des risques de contamination au Covid-19 tout en maintenant l’activité.

  • Les vestiaires comportent un potentiel important de transmission parce qu’ils sont souvent étroits. Mettez en place un flux d’entrée et de sortie. Nettoyez les poignées de porte et les interrupteurs au moins trois fois par jour. Aérez le local. L’entretien des tenues de travail est à la charge de l’entreprise et elles ne doivent pas être ramenées au domicile ;
  • Les repas en commun ne sont pas recommandés. Pour autant, les salariés ne peuvent pas être incités à rentrer chez eux. Ils peuvent manger dans leur voiture, à raison d’un seul par voiture, ou en dehors en respectant les distances entre les personnes ;
  • Dans le local fumeur, il faut organiser un flux d’entrée et de sortie pour éviter que deux personnes s’y trouvent en même temps.

Le document unique doit être actualisé

Enfin, les nouvelles dispositions d’organisation du travail rendent nécessaire l’actualisation du document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp). Cette actualisation ne traitera pas seulement les risques directement liés à la transmission du coronavirus et la protection des personnes. Les risques nouveaux engendrés par le fonctionnement dégradé de l’entreprise seront également inscrits.

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