« Je l’ai vu il n’y a pas très longtemps, on a encore de bonnes relations. Mais les choses auraient vraiment pu être beaucoup plus difficiles. » L’homme dont parle Alex, agriculteur dans la Haute-Vienne (87), est un ancien salarié, qui a travaillé près de vingt-deux ans chez lui, avant de démissionner au mois d’octobre dernier.
« Il était responsable de l’atelier ovin, et s’en occupait bien. C’est quelqu’un qui n’était jamais parti en congé de maladie depuis qu’il travaillait chez moi. » À la fin de l’hiver dernier, ce salarié responsable de 600 brebis annonce cependant à Alex qu’il doit se faire opérer, un mois plus tard, de l’épaule, et qu’il sera en congé de maladie durant les six mois suivants. Problème : ce salarié est seul à s’occuper des moutons, et personne n’est en mesure de le remplacer.
1. Bien examiner les options
« On a d’abord cherché un remplaçant, on a mis des annonces, mais on n’a pas eu une seule candidature, ce qui ne m’a pas beaucoup étonné. ».
Face à la difficulté, Alex envisage donc une seconde possibilité : arrêter l’élevage des moutons, pour se consacrer entièrement aux grandes cultures et à l’élevage porcin.
« On a réfléchi avec le salarié, et il m’a aidé à organiser la vente des animaux », raconte Alex. Grâce à ce travail conjoint, les bêtes ont pu être vendues dans de bonnes conditions à différents éleveurs, en valorisant le potentiel de reproduction du troupeau, et sans les brader.
2. Rester en lien
Pendant le congé de maladie du salarié, les choses se réorganisent sur l’exploitation, en prenant en compte le surplus de main-d’œuvre à venir. « On savait qu’il allait revenir, on comptait sur lui, et on n’a pas cherché à recruter. » Le salarié, à son retour, est supposé prendre en charge une partie des activités de l’élevage porcin, en soutien d’autres salariés qu’il remplaçait déjà de temps à autre.
Mais six mois plus tard, les choses ne se passent pas comme prévu. « Il m’a expliqué qu’il ne voulait plus travailler avec les porcs », regrette Alex. Autre problème, le salarié est susceptible de retourner se faire opérer de la seconde épaule, avec un nouveau congé de maladie en vue.
Alex, se souvenant d’un salarié précédent, qui avait cumulé les arrêts de maladie pendant deux ans et demi jusqu’à sa retraite, commence alors à avoir peur pour son exploitation.
3. Favoriser l’esprit d’équipe
« J’ai eu de la chance, il aurait vraiment pu être tordu, et utiliser d’autres recours pour mieux s’en tirer. » Le salarié, un mois après son retour, explique à Alex qu’il souhaite démissionner, pour ne pas mettre l’ensemble de l’équipe en difficulté. Une décision qui a permis à la situation d’évoluer favorablement pour Alex, ainsi que pour ce salarié. « Il a retrouvé un boulot, et j’ai pu embaucher un jeune. »
Le secret de cet heureux dénouement tient, selon Alex, aux efforts réalisés en tant qu’employeur pour favoriser la cohésion entre les salariés. « On a transformé une prime liée au résultat, en prime liée à la bonne volonté. On récompense désormais la volonté de s’intégrer, de faire en sorte que le groupe fonctionne. » Une initiative qui semble faire ses preuves.