L’épidémie de coronavirus Covid-19 met les agriculteurs et leurs salariés à rude épreuve. « Les premiers jours de confinement, la gestion des ressources humaines a surtout concerné l’urgence administrative et sanitaire, constate Anne-Lise Robin, directrice du groupement d’employeurs Forval, du Maine-et-Loire. Depuis cette première phase, je vois de nouveaux besoins émerger autour du stress, de la motivation et de la confiance en soi. Il y a un besoin d’accompagnement. Il n’est peut-être pas encore ouvertement exprimé mais il est bel et bien là. »
Un stress des employeurs et des salariés
Basé à Beaufort-en-Anjou (Maine-et-Loire), Forval compte, parmi ses 80 adhérents, de nombreux horticulteurs. Huit jours après le début du confinement, 70 % d’entre eux avaient stoppé leur activité, « cloués sur place » par la fermeture des jardineries. « Ils ont dû détruire leur production et demander à leurs salariés de rester chez eux. Et aujourd’hui, ils s’interrogent sur la pertinence de remettre en culture et de tout perdre à nouveau. Toutes ces situations, ces décisions sont de nature stressantes. »
De leur côté, les salariés agricoles ne sont pas en reste. Face à un événement comme celui du Covid-19, l’échelle des comportements est large. « Nous l’avons constaté les premiers jours de confinement avec des salariés qui ne voulaient plus aller travailler par crainte du risque sanitaire. Et d’autres qui, à l’inverse, ne supportaient pas de rester à la maison et insistaient pour poursuivre leur activité. »
Optimiser son potentiel
Dans ce contexte, Forval a, dès le 24 mars 2020, proposé à ses adhérents un accompagnement à la gestion du stress. Volontairement très ouverte, la proposition ne donnera pas lieu à facturation. Sur le fond, « rien n’est figé, nous proposons du sur-mesure. Nous nous adaptons à la demande de nos adhérents. Un agriculteur peut juste avoir envie d’évoquer pendant une heure ou une heure et demie ce qu’il vit. Un salarié doit pouvoir dire qu’il est tendu, inquiet de la situation ou ne supporte pas de rester à la maison. Et si un horticulteur nous demande de former ses chefs d’équipe, on le fera. La seule chose perturbante, c’est que nous devrons travailler à distance. Ce n’est pas la panacée mais nous n’avons pas d’autre choix. »
Une technique issue des militaires
Sur la forme, Forval travaille à partir des TOP ou techniques d’optimisation du potentiel. Tout simplement parce que sa directrice pratique déjà auprès de sportifs et d’étudiants, cette méthode à base d’imageries mentales et d’exercices de respiration et de relaxation. « Il existe de nombreuses techniques pour gérer le stress. Celle-ci a été mise au point au début des années 2000 par le docteur Edith Perreaut-Pierre pour les militaires partant en mission. Comparée à d’autres, notamment à la sophrologie, elle a l’avantage de révéler son efficacité rapidement (deux ou trois minutes quand on maîtrise) », précise Anne-Lise Robin.
Les TOP couvrent également un champ d’application large. « Avec cette technique, on travaille l’amont : qu’est-ce qui va se passer ? À quoi vais-je être confronté ? On transmet ensuite des outils pour gérer la phase active et d’autres, enfin, pour aider à se remettre et à récupérer. » Au-delà de la méthode retenue, il reste quelques conseils d’usage. « Prendre soin de soi, ne serait-ce que quelques minutes par jour en faisant quelque chose de plaisant, est le premier. Il faut aussi éviter toute surchauffe de l’organisme. Cela doit être un objectif ! » insiste Anne-Lise Robin.