En Provence, le maraîchage, l’arboriculture, la viticulture et l’oléiculture sont très gourmands en main-d’œuvre. Le travail est manuel, il faut un homme ou une femme derrière chaque plant et chaque arbre, pour ramasser, tailler, etc. Face aux contraintes des démarches administratives de l’embauche, la profession s’est organisée. En 1999, le groupement d’employeurs Réagir a vu le jour. Il dispose aujourd’hui de trois personnes sur le terrain, dans deux bureaux à Berre-l’Étang et à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Quatre autres personnes, dont deux sont au siège de l’association, situé à la Maison des agriculteurs (Aix-en-Provence), assurent la gestion administrative.
Des saisonniers uniquement
Avec 400 adhérents et 1 500 personnes mises à disposition chaque année pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, Réagir est le groupe le plus important en France de la Fédération nationale des groupements d’employeurs agricoles et ruraux (FNGEAR). « Nos productions sont très saisonnières. Les salariés permanents sont embauchés directement par les exploitants, et notre groupement vient leur fournir des salariés saisonniers en complément », explique José Dufrene, comptable. « Une campagne de pommes dure un mois et demi, la tomate demande trois ou quatre mois et les salades en hiver un à trois mois », poursuit le président Éric Testud, maraîcher tout juste à la retraite. Un employeur préfère passer par le groupe Réagir car il sait que la personne qui aura terminé chez lui sera ensuite mise à la disposition d’une autre entreprise agricole, sans changer de contrat.
Le prix de la paix
L’équipe Réagir s’occupe de toute la partie administrative : déclaration d’embauche, contrat de travail, lettre de mission d’engagement de l’employeur, d’établir le bulletin de salaire avec les fiches de pointage et les déclarations sociales nominatives. En fin de mission, elle établit le solde de tout compte, le certificat de travail et l’attestation destinée à Pôle Emploi. Cela représente chaque mois, pour chaque salarié 4 à 7 documents, soit 1 400 formulaires en moyenne. Le groupement paie le salaire puis facture mensuellement à l’adhérent –— en fonction du temps passé — le coût du salarié ainsi que les frais de gestion, soit 13,60 € de l’heure. Au préalable, l’agriculteur adhérent a versé des acomptes et payé sa cotisation annuelle.
De futurs permanents pour les exploitants
Le recrutement est délicat. Chaque année, entre 40 et 45 % de « nouvelles têtes » se présentent aux bureaux de Berre-l’Étang et de Saint-Rémy-de-Provence. 35 % ont la nationalité française, 12 % sont roumains et 34 % ont la nationalité espagnole. Beaucoup ont travaillé dans la péninsule Ibérique ou viennent de la Bolivie et de l’Équateur. Si bien que Marjorie, Nathalie et Valérie qui les reçoivent ont appris l’espagnol pour communiquer. Les personnes sérieuses mais non qualifiées pourront suivre une formation de tractoriste, de cariste, Certiphyto, de sauveteur secouriste, etc. Les personnes spécialisées, ayant de l’expérience, ne restent pas dans le groupement d’employeurs. Elles sont embauchées en CDI par les entreprises agricoles. Réagir est peu à peu devenu une sorte de vivier d’embauches pour les agriculteurs des Bouches-du-Rhône.
Un système souple
Il s’agit non seulement de trouver des candidats et candidates (41 % de femmes) mais aussi des remplaçants si un salarié est défaillant. « L’été, il nous manque 30 personnes par jour… », explique le président Éric Testud. Après un printemps très productif, la canicule de 2019 a fait beaucoup de mal dans les cultures. Face à la baisse de rendement, la souplesse de l’emploi saisonnier est un vrai atout. Cet automne, le nombre d’heures mises à la disposition des adhérents a diminué de 10 %. Le groupement Réagir devrait fournir 750 000 heures de travail en 2019.