Dans les couloirs du sommet international des Jeunes agriculteurs, organisé récemment à Paris, la communicante Chelsea Millar résume en une phrase les conseils donnés au ministre de l’Agriculture néo-zélandais pour atteindre ses objectifs en matière d’emplois : « Arrêtons de croire que nous savons ce que les jeunes veulent, et demandons-leur. »
Consultante en communication, Chelsea Millar est également membre du conseil d’administration d’une organisation équivalente à Jeunes Agriculteurs en Nouvelle-Zélande. Mais c’est avant tout pour ses activités de conseil, que le ministère de son pays l’a sollicitée. « Le secteur agricole peine à attirer, et il avait besoin d’une stratégie pour agir », explique la jeune femme.
Des salaires plus attirants et des contrats durables
La Nouvelle-Zélande recherche 150 000 salariés d’ici à 2025 dans les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pêche. « Les secteurs du lait et de l’horticulture sont ceux qui ont le plus besoin de main-d’œuvre », souligne Chelsea Millar.
Les employeurs néozélandais ont fait des efforts, au cours des dernières années, pour proposer une rémunération horaire au-delà du salaire minimum. Mais les agriculteurs peinent, malgré les avancées, à s’aligner. « Avec les cours actuels des matières premières, il est difficile de proposer de meilleures conditions », regrette la conseillère.
Autre inconvénient : le manque de visibilité pour les salariés. La plupart sont embauchés à l’heure et ne bénéficient d’aucune garantie à long terme. « Être en mesure de proposer des contrats durables est indispensable pour attirer les candidats. »
Des toits et des horaires corrects
Concernant les avantages en nature, les exploitations néo-zélandaises, très éloignées des centres-villes, présentent par ailleurs peu d’atouts : « Les exploitations disposent de maisons pour accueillir les saisonniers, mais leur confort est très inégal. Le gouvernement a bien proposé des prêts pour les améliorer, mais les investissements ne sont pas systématiques. » Une connaissance de Chelsea Millar a refusé un emploi, parce que la maison de fonction était en très mauvais état. « Il n’aurait jamais pu y emménager avec sa famille. De son point de vue, l’employeur n’a vraiment pas été correct en lui proposant une maison aussi délabrée. »
Pour rendre le secteur agricole plus attirant, des aménagements du temps de travail sont aussi à envisager. « La charge de travail est assez lourde, il faudrait permettre aux équipes de s’organiser elles-mêmes, par exemple, que les salariés qui le souhaitent puissent avoir leur week-end de temps à autre, ou même disposer d’un après-midi pour s’occuper de leurs enfants. »
Une campagne menée dans les écoles
Pour Chelsea Millar, les nouvelles technologies et la réduction de la pénibilité sont autant d’atouts pour attirer les moins de quarante ans. « Avec la robotique, avec des logiciels de précision, on peut vraiment gagner en confort. Bien sûr, cela suppose des investissements, mais certaines innovations sont accessibles. »
L’un des chantiers prioritaires se joue, selon Chelsea, dans les écoles avec la campagne Agrikids. « Au travers d’un concours organisé tout au long de l’année scolaire dans les écoles et les collèges, poursuit la conseillère, nous tentons d’apporter une nouvelle vision de l’agriculture. » Un moyen, d’après elle, pour changer en profondeur la vision du métier qui souffre, comme en France, d’un déficit d’image.