Tous les matins, Mathieu Laurent, associé au sein du Gaec du Pichet, se rend sur le site de la plateforme de compostage ABCDE, pour vérifier le bon fonctionnement de l’installation de méthanisation. Car depuis 2018, ses associés et lui ont fondé, aux côtés de cette plateforme, l’entreprise Méthavair, qui gère un méthaniseur de 450 kW.
« Entre la maintenance et les tâches administratives, l’installation requiert un temps plein à elle seule », explique Mathieu. Avec près de 52 000 € de chiffre d’affaires par mois, cette diversification est cependant si rentable qu’elle a permis de donner une nouvelle santé économique à l’exploitation du Pichet. Mais pour en tirer le meilleur, il a fallu repenser le fonctionnement de toute l’équipe de ce Gaec qui élève 40 vaches laitières et cultive 300 hectares en bio.
Besoin de main-d’œuvre
Mathieu est capable d’effectuer seul la plupart des réparations, et c’est lui qui a été désigné pour être le principal responsable de l’installation par ses associés. « Mais toutes les heures sont décomptées, et rémunérées par Méthavair », souligne l’exploitant.
Si la méthanisation n’occupe pas tout son temps, il a tout de même fallu trouver de la main-d’œuvre supplémentaire pour s’occuper du troupeau laitier. Les exploitants ont alors proposé à Adrien, un ancien apprenti, de s’associer avec eux. « On a hésité entre prendre un associé ou un salarié, mais pour le même prix, un associé fait bien plus d’heures. Et puis, avoir un jeune agriculteur sur la ferme, ça aide du côté des politiques et du grand public », s’amuse Mathieu.
C’est la stabilité des revenus de la méthanisation, qui a permis au Gaec de prendre le risque d’un nouvel associé. Car avec des prix garantis sur vingt ans, et indexés sur l’inflation, les bénéfices de l’installation permettent d’envisager les évolutions de l’entreprise à long terme. « Avec du blé, ou du lait, on ne sait jamais combien on produira, ni combien on sera payé. Là, il n’y a plus de surprises. »
Attention aux astreintes
« Sur une installation de méthanisation, une heure perdue est une heure qu’on ne rattrape jamais », rappelle Mathieu. Une exigence qui a rendu l’idée d’un associé d’autant plus pertinente : en cas d’astreinte, les contraintes pour le Gaec sont plus faibles qu’avec un salarié.
Aujourd’hui, Mathieu et Adrien partagent les astreintes : une semaine pour l’un, la suivante pour l’autre. « Au début, ça sonnait six fois par nuit, mais maintenant c’est à peine une ou deux fois par semaine. »
Malgré ces astreintes, la méthanisation a permis d’alléger le travail au sein du Gaec, entre le nouveau souffle financier et l’associé qu’elle a permis de recruter. « Avant on n’avait jamais de week-ends, et on faisait des journées très longues, se souvient Mathieu. Mais depuis la mise en place de la méthanisation, nous avons retrouvé un plus grand confort de travail au quotidien. »