Que retenez-vous de votre étude sur les attentes des candidats ?
En 2020, les candidats attendent d’un bon employeur du respect, de la confiance, un encadrement bienveillant, des temps d’écoute et d’échanges. Les propositions des uns et des autres doivent être entendues. Je pense que sans intégrer les salariés dans la stratégie globale de l’entreprise, l’employeur va avoir du mal à obtenir des salariés le meilleur d’eux. La motivation des salariés va passer par cette reconnaissance.
Cette attente est-elle comprise par les employeurs ?
Les employeurs, eux, sont plutôt en recherche de souplesse, d’adaptabilité. Prioritairement, les recruteurs veulent des candidats opérationnels immédiatement. Mais il faut bien constater que c’est de plus en plus difficile à trouver. Les recruteurs peuvent s’ouvrir à d’autres profils mais il faut aussi que le candidat montre, au-delà de sa seule motivation, qu’il a envie de se former, d’apprendre, d’évoluer et de s’adapter. Quand je dis s’adapter, c’est s’adapter au mode de fonctionnement de l’employeur, dans ses missions, dans la culture de l’entreprise, dans ses objectifs.
Les entreprises attirent par le salaire et fidélisent par la politique managériale
Géraldine Lebreton, déléguée régionale de l’Apecita des Pays de la Loire
Comment un chef d’exploitation peut-il assurer la sérénité du salarié ?
Je crois qu’on exagère l’attente des jeunes pour un équilibre, bien légitime, entre la vie professionnelle et personnelle. Je crois que les candidats parlent plutôt d’une sérénité et de conditions de travail idéales. Elles passent par de la flexibilité, de la souplesse dans le travail, de la prise d’autonomie, de la convivialité.
Ces caractéristiques peuvent compenser un temps de travail trop prégnant sur la vie personnelle. Il n’y a pas de formule toute faite. En fonction des conditions que l’employeur peut apporter, les candidats sont assez mûrs pour s’adapter. Mais il faut que les conditions soient claires dès le début et respectueuses du salarié.
Cette envie s’observe-t-elle sur des postes plus opérationnels ?
Cette problématique s’aborde différemment selon les postes et les profils attendus. Il est certain qu’on doit respecter les rendements et la saisonnalité propres au travail agricole. Mais l’exploitant peut mettre des choses en place : l’écoute, la convivialité, etc. Je rencontre des salariés agricoles qui me disent : « De toute façon, on ne m’écoute pas, alors je m’en vais. » Il faut y répondre, même si c’est un management pas facile à mettre en œuvre.
Que peut faire l’exploitant pour acquérir cette compétence de management ?
La première chose que je ferai en tant qu’employeur, ce serait de faire appel à un auditeur extérieur pour identifier les problèmes. Il montrera où sont les points noirs : recrutement, attractivité, manque de compétences, conditions de travail, etc. Ensuite, on peut mettre en place des changements très simples. Par exemple, instaurer le reporting hebdomadaire partagé et discuté par toute l’équipe. Ce sont des choses très pratiques qui aident à apporter la sérénité dans les exploitations.
Que voulez-vous dire par les entreprises attirent par le salaire et fidélisent par la politique managériale ?
À l’Apecita, nous avons voulu mettre en avant cette phrase pour corriger des lieux communs qui prétendent que les jeunes ne regardent que les conditions de travail et pas la rémunération. C’est faux, comme leurs aînés, les jeunes veulent des salaires corrects d’autant plus que le marché va se tendre avec la réduction du chômage. Mais on va parler plutôt de rémunération juste que de rémunération attractive.
En revanche, si l’employeur veut conserver ses salariés, il le fera davantage avec sa politique managériale de bienveillance, de respect et de reconnaissance que par une rémunération évolutive. Un salarié qui se sent bien dans son poste restera dans son entreprise plutôt que prendre le risque de changer de poste pour quelques euros de plus.