Rémunérer le temps consacré à la formation en interne d’un nouveau salarié, c’est l’objectif du dispositif Défi Emploi, proposé par Ocapiat (opérateur de compétences des salariés de la filière agricole, né de la fusion entre le Fafsea et Opcalim) aux agriculteurs qui recrutent de la main-d’œuvre sur leur exploitation. À la clef : un coup de pouce de 1 815 € par salarié formé.
Accompagnement administratif
Aurélie Demagny est agricultrice sur la commune de Saint-Léonard, dans la Marne. Elle bénéficie actuellement du Défi Emploi pour former Sandy sur son exploitation maraîchère, la Cueillette de la Pompelle. « Nous l’avions déjà recrutée l’an dernier sans bénéficier d’aide spécifique », relate Aurélie Demagny.
Pour la saison 2020, la salariée a commencé à travailler le 14 mars et son contrat s’achèvera à la fin du mois d’octobre. « Nous avons eu connaissance du dispositif grâce au CRFPS (NDLR : Comité régional de formation et de promotion sociale), situé à Reims ». C’est d’ailleurs cet organisme référencé par Ocapiat qui accompagne l’agricultrice dans les démarches administratives pour pouvoir bénéficier de l’aide.
Des formations définies selon le profil et le poste
« Nous faisons le lien entre le chef d’exploitation et Ocapiat. Nous organisons un premier rendez-vous lorsque le salarié vient d’être embauché. Nous analysons son profil, le poste pour lequel il a été recruté et nous définissions avec lui et son employeur les formations qu’il va suivre au sein de l’exploitation », explique Cécile Goepfert, directrice adjointe du CRFPS. L’employeur s’engage à consacrer 200 heures de formation au nouvel embauché.
Aurélie Demagny tient à jour un fichier avec la liste des formations que Sandy doit suivre d’ici à la fin de son contrat. « Elle avait déjà acquis des compétences en 2019. Certaines formations concernent des tâches qu’elle ne maîtrise pas encore, d’autres sont du perfectionnement », indique l’agricultrice. Et les missions prévues sont variées : installer et gérer l’irrigation, régler la planteuse, réaliser la cueillette de manière efficace, entretenir le matériel… Aurélie renseigne son fichier dès qu’une personne de l’exploitation, souvent son frère, forme Sandy et indique le volume horaire qui y est consacré.
Un suivi durant le parcours
Le CRFPS s’assure que tout se passe bien pendant la période d’apprentissage et peut éventuellement proposer un entretien à mi-parcours. À la fin de la période de formation, un bilan d’évaluation des compétences du salarié est réalisé. Pour Aurélie Demagny, le dispositif n’est pas contraignant. « Il faut juste penser régulièrement à remplir la fiche d’émargement qui justifie la bonne réalisation des différentes formations, le reste est géré par le CRFPS. Et l’aide est loin d’être négligeable, selon elle. « 1 815 euros net pour un contrat de mars à octobre représentent un beau coup de pouce si on le rapporte au mois ».
Conditions pour prétendre à l’aide
Pour pouvoir bénéficier du Défi Emploi, plusieurs conditions doivent être respectées :
- L’exploitation doit avoir moins de 11 salariés en équivalent temps plein (ETP) ;
- Elle doit être à jour de ses cotisations auprès de l’organisme Ocapiat ;
- La personne recrutée est un salarié (les apprentis et stagiaires sont exclus du dispositif) ;
- Le contrat du salarié doit être un CDI ou un CDD d’une durée minimum de 6 mois, avec un temps de travail d’au moins 80 % (sur la base de la durée légale de 35 heures par semaine) ;
- La formation est réalisée en interne, par le chef d’exploitation ou un collaborateur ;
- Il ne doit pas y avoir de lien de parenté entre l’employeur et le salarié ;
- L’exploitation ne peut bénéficier, au maximum, que de deux Défi Emploi par an ;
- Un salarié peut en profiter une fois tous les cinq ans ;
- La demande pour avoir droit au dispositif doit être formulée au plus tard un mois après l’embauche du salarié.