Dans une région où le taux de chômage est parmi les plus bas de France (6,7 % au troisième trimestre de 2019 en Vendée contre 8,6 % en France), l’agriculture des Pays de la Loire a ressenti la nécessité d’aligner ses standards sur ceux des autres secteurs d’activité. « L’objectif des partenaires sociaux à l’origine était de proposer en agriculture les mêmes avantages sociaux que dans l’industrie agroalimentaire qui était le grand concurrent de l’agriculture pour l’embauche en milieu rural », relate Albert Bobineau, éleveur à Saint-Maurice-des-Noues (Vendée) et coprésident par alternance du Cossa 85, une association paritaire qui s’apparente à un comité d’entreprise départemental pour l’agriculture.
« Vraiment avantageux »
Salarié depuis 2014 dans l’exploitation de ses deux frères et de son père à Saint-Hilaire-le-Vouhis, Alexis Coulon, 26 ans, a beaucoup utilisé les services du Cossa 85. Dès son apprentissage en CS caprin, il profite des chèques-vacances. « Pourquoi ne pas essayer ? Ça semble vraiment avantageux. Cette année, je suis parti avec ma compagne au Center Parcs de Morton. Tout au long de l’année, j’utilise la billetterie à tarif réduit ou les chèques-loisirs. J’en fais profiter ma famille. J’ai même découvert la thalassothérapie. Sans le Cossa, je n’aurais jamais pensé à y aller. »
Salarié dans la chèvrerie familiale à Saint-Hilaire-le-Vouhis, Alexis Coulon regrettera les avantages accordés par le Cossa 85 qu’il perdra après son installation. © E. Young
Le Cossa 85 offre ses services à deux mille personnes sur les trois mille salariés agricoles permanents du département. L’adhésion annuelle ne coûte rien au salarié, mais il doit présenter une ancienneté de plus de six mois, attestée par son employeur, pour en bénéficier. Le « comité d’entreprise » est financé par une cotisation obligatoire (0,4 % de la masse salariale) des 1 200 entreprises agricoles de moins de cinquante salariés des branches adhérentes. L’adhésion est collectée par la MSA et son montant est inscrit sur la feuille de paie.
Le salarié est informé de l’existence du Cossa 85 par son employeur et par la MSA. « Pour ma part, j’en avais entendu parler par l’Anefa au lycée : les avantages pour le cinéma, la piscine, les sorties. Depuis, j’ai continué à m’inscrire chaque année », témoigne Alexis Coulon. Un site internet recense tous les avantages sociaux auxquels peut prétendre le salarié et imagine de nouveaux services en interrogeant les salariés. Un magazine gratuit est envoyé régulièrement aux salariés adhérents pour les informer des bénéfices de l’adhésion et de l’actualité du droit du travail.
Ce n’est au final qu’un atout de plus dans les mains de l’employeur.
Albert Bobineau, éleveur
L’objectif des avantages sociaux proposés par le Cossa 85 n’est pas tellement de faciliter le recrutement mais plutôt de fidéliser les salariés une fois entrés dans le monde de l’agriculture. « Ce n’est au final qu’un atout de plus dans les mains de l’employeur et qui s’ajoute au management, à la motivation et à la politique des ressources humaines », précise Albert Bobineau.
« Au lycée, mes copains n’étaient pas vraiment intéressés parce qu’on ne pense pas toujours à ce type de vacances quand on est jeune. Mais je vois de plus en plus de jeunes s’inscrire, raconte Alexis Coulon. J’ai un copain qui travaille à La Fournée dorée. Quand on discute, il voit tous les avantages qu’on a et il est surpris. Il me dit qu’il n’imaginait pas que l’agriculture ait autant de possibilités. Ma copine, esthéticienne chez Yves Rocher, ne profite pas d’autant d’avantages. Je projette de m’installer et je sais déjà que je vais regretter la fin de ces bénéfices quand je serai patron. »
Une politique globale de l’emploi en Vendée
« Ces avantages sociaux s’inscrivent dans une politique globale de l’emploi agricole en Vendée. Nous travaillons sur trois axes : renvoyer une image positive du métier, faciliter le recrutement et fidéliser les salariés qui ont mis un pied dans le secteur agricole », explique Albert Bobineau.
Le président du Cossa 85 imagine deux pistes pour améliorer son service. D’abord, continuer à observer les avantages sociaux qui sont proposés par les industries agroalimentaires locales afin d’avoir une offre toujours séduisante.
Albert Bobineau ajoute qu’il doit améliorer l’écoute des attentes des jeunes. « La génération qui arrive accorde beaucoup d’importance à l’équilibre entre le travail et la vie de famille. C’est à nous de les écouter parce qu’on ne pourra pas leur demander de consacrer autant de temps au travail que celui que nous, nous avons accepté de faire », pronostique Albert Bobineau.
Quatre comités d’entreprise en France
Il existe quatre « comités d’entreprise » de la production agricole en France. Ils ne portent pas tous le même nom mais leurs fonctionnements sont assez proches. Financés par des cotisations patronales (entre 0,3 et 0,5 % de la masse salariale selon les branches sociales), ils apportent les avantages sociaux aux salariés, et à leur famille, une fois que leur adhésion gratuite a été validée par leur employeur.
Le salarié ne peut s’inscrire qu’après avoir travaillé un certain nombre d’heures, généralement entre 400 et 500 heures. Dans le Finistère, le Cesa 29 revendique 4 600 bénéficiaires. En Morbihan, le Cossa 56 touche 1 500 à 1 600 salariés. Dans les Côtes-d’Armor, le Cessa enregistre 2 200 validations. Plus récent, le Cossa 85, en Vendée, compte 2 000 adhérents. Ces établissements n’ont pas formellement le statut d’un comité d’entreprise mais assurent un service équivalent.