Clément Wegrzyn, 22 ans, est salarié à temps plein depuis deux ans dans une exploitation de grandes cultures dans l’Aisne. Neveu d’agriculteur et titulaire d’un BTSA en apprentissage, il baigne dans le monde agricole depuis son enfance. Alors, parfois quand il entend le grand public parler de l’agriculture, il aimerait bien prendre la parole : « J’aimerais apporter ma part de la réalité. Je pense qu’on a aussi des choses à dire », explique-t-il. C’est qu’il fait sur le réseau socialTwitter depuis 2014.
Prendre ses responsabilités
Son employeur le laisse faire. Clément Wegrzyn lui a dit qu’il le ferait, y compris en montrant des machines ou des bâtiments de l’exploitation. Il a pleinement conscience de la responsabilité qu’il prend en faisant ça : « Je fais attention. Quand je publie une vidéo, je sais que je peux le faire. Je fais attention de ne pas montrer des sujets à polémique s’il y en avait. Je veux montrer la façon dont les travaux se passent sur une exploitation pour que les gens sachent de quoi ils parlent quand ils parlent d’agriculture. »
Par exemple, il a publié une vidéo d’un chantier d’arrachage de pommes de terre vue depuis sa cabine. « Dans notre région, les gens mangent souvent des pommes de terre sans forcément savoir d’où elles viennent. Montrer le chantier, c’est une façon de les rattacher au monde agricole », estime-t-il.
Les week ends, les agris ne font pas de pauses. Du beau temps pour tout le week end avant la pluie de milieu de semaine.#nourrir #agriculture pic.twitter.com/pkmSeibnBU
En accord avec son employeur
Cette liberté de publication est venue progressivement au cours des rapports avec son employeur. Durant la première année, Clément Wegrzyn prend la suite de deux salariés qui partent en retraite. Petit à petit, il acquiert de plus en plus d’autonomie en plein accord avec son employeur.
Comme il parle souvent avec lui, les sujets qu’il veut évoquer sur Twitter sont abordés avec son employeur. Ils partagent les mêmes opinions sur l’agriculture. Mais Clément Wegrzyn utilise son expérience des réseaux sociaux pour trouver la bonne façon de le communiquer.
Par exemple, à la fin de décembre, il cherche à évoquer les buses antidérives pour montrer que les agriculteurs ne font pas n’importe quoi avec leurs pulvérisateurs. Il tombe sur une vidéo d’un agriculteur anglais qui écrit Joyeux Noël à l’eau sur une route en ouvrant et fermant les buses de son pulvérisateur.
Je dédie ce tweet à la Ministre @barbarapompili à @yjadot @corinnelepage @Veillerette @julienbayou @EricPiolle @coquelicots_ @EELV#JoyeuxNoel nous dit il!
La technologie vaincra! https://t.co/HH1nnxmgSh
Entrer en contact avec le grand public
« J’ai l’impression que pendant le premier confinement au printemps 2020, c’est là où les agriculteurs ont eu le plus d’échanges avec les non-agriculteurs », se souvient-il. À ce moment-là, il participe, avec le groupe d’agriculteurs FrAgriTwittos, à poser des problèmes mathématiques à partir de situations réelles comme calculer des densités de semis, par exemple.
« Les gens se sont pris au jeu, estime-t-il. On avait des réponses tard le soir quand on finissait les semis de betteraves. Ça a été un bon moment même si, depuis, les gens ont repris le rythme de leur vie. Au moins, on a créé un lien non polémique avec le grand public. »
« J’espère que ma voix sera utile », énonce Clément Wegrzyn. Au début de 2021, il prend l’initiative, incité par un tweet d’un agriculteur, de participer à la consultation du gouvernement sur les néonicotinoïdes. « Je l’ai fait avec mon point de vue de salarié. C’est-à-dire que je n’ai pas les comptes financiers mais j’ai pu voir leur importance sur un plan technique. J’ai traité plus que d’habitude et les rendements des betteraves ont été faibles. »
Fait également, d'un point de vue salarié et engagé dans notre profession. Malheureusement trop court pour détailler