Associés en Gaec, Nathalie et Jean-Baptiste Reveilhac sont éleveurs, naisseurs de bovins allaitants de race limousine. Les deux exploitants, installés dans la Creuse à Saint-Amand-Jartoudeix, étaient à la recherche d’un apprenti depuis deux ans.
Ils ont accueilli en septembre dernier, et pour une durée de deux ans, Théo, un jeune homme en classe de première, préparant un bac pro. Puis en novembre, Édouard, un deuxième apprenti en deuxième année de BTS, pour une durée d’apprentissage restante de six mois.
Adapter sa façon de manager
« Les relations avec un apprenti sont quelque peu différentes de celles qu’on peut avoir avec un salarié classique, décrit Jean-Baptiste Reveilhac. Avant, j’avais tendance à séparer les activités. C’était plutôt chacun sa tâche. Maintenant, je passe beaucoup plus de temps avec mes apprentis : on fait beaucoup de choses ensemble. On peut le considérer comme une perte de temps, mais ça me paraît nécessaire pour leur formation. »
« En général, on montre, puis on laisse faire, et on corrige si c’est nécessaire, poursuit Jean-Baptiste. Avec le temps, ils ont de plus en plus d’autonomie. » « C’est plus simple de faire ça avec un apprenti, complète Nathalie Reveilhac. Ils sont là pour apprendre, donc la relation est différente de celle qu’on aurait avec un salarié déjà plus expérimenté, et peut-être moins ouvert aux conseils. »
Les deux éleveurs rappellent néanmoins que l’apprentissage n’offre pas le même confort de vie pour les employeurs. Les astreintes de week-end et de nuit ne peuvent pas être exigées, du moins pas pour les apprentis mineurs, contrairement à un salarié « classique ».
« On s’apporte mutuellement »
Nathalie et Jean-Baptiste Reveilhac apprécient l’engagement de leurs jeunes recrues. « C’est agréable de leur transmettre quelque chose. On sent qu’ils sont investis. Et en retour, on essaye de les accompagner au maximum. » Si les éleveurs y investissent du temps, ils constatent tout de même un retour très positif.
Leur plus jeune apprenti, fils d’agriculteur, a déjà beaucoup de notions, expliquent-ils. Si cette expérience familiale l’amène souvent à effectuer des comparaisons, c’est aussi une source de remise en question, autant pour l’apprenti que pour l’employeur, estiment-ils : « On s’apporte beaucoup mutuellement. »
Embaucher un apprenti pour recruter un salarié
Jusqu’à octobre 2020, Nathalie et Jean-Baptiste Reveilhac ont toujours eu à leurs côtés au minimum un salarié. Mais ils le savent : fidéliser un salarié agricole n’est pas chose simple. C’est pourquoi Nathalie et Jean-Baptiste voient dans l’apprentissage une opportunité pour recruter un salarié à l’issue de ses études.
« Ça laisse un peu de temps pour bien se connaître, c’est une sorte de période d’essai. » À plus long terme en revanche, ils n’excluent pas l’idée « de former pour former » en employant un apprenti.
Un soutien à l’embauche bienvenu
L’embauche d’un apprenti peut se révéler financièrement avantageuse, comme en témoignent Nathalie et Jean-Baptiste. Les procédures administratives associées peuvent néanmoins être complexes et chronophages, notamment pour percevoir les aides à l’apprentissage mises en place par le gouvernement.
Les deux agriculteurs s’estiment relativement chanceux, puisque leurs demandes ont pu aboutir sans encombre. La chambre d’agriculture de la Creuse a pu leur apporter une aide précieuse, à l’image d’une formation donnée par le développeur de l’apprentissage, Patrick Legoux, dont le poste est financé par la Région Nouvelle-Aquitaine et le Fonds social européen.