Le secteur de l’élevage porcin est-il attractif ?

Les chiffres soulignent la difficulté de recruter en élevage porcin : dans une région importante pour l’élevage porcin, la Bretagne, le délai moyen pour combler une offre d’emploi est de trois mois. On rencontre la même difficulté dans nombre de secteurs agricoles. Et pourtant l’élevage porcin est pourvoyeuse de main-d’œuvre.

En France, douze mille personnes y travaillent, avec une répartition assez équivalente entre les non-salariés et les salariés. Mais la moitié des 6 720 exploitants sont âgés de plus de cinquante ans. Il faut donc se pencher sur la question de l’attractivité si on veut renouveler les générations.

Est-ce que les candidats se reconnaissent dans les éleveurs porcins ?

Des études avaient été menées au milieu des années 2000 pour reconnaître les profils des éleveurs porcins. On en trouve quatre types :

  • Les « entrepreneurs », qui misent sur l’intensité de la production ou sur l’agrandissement ;
  • Les « artisans », qui misent la performance technique de leur élevage ;
  • Les « animaliers », qui affichent une passion pour les animaux en eux-mêmes ;
  • Et les « patrimoniaux », qui veulent avant tout perpétuer leur exploitation familiale.

Cette classification rejoint des analyses plus récentes sur le rapport que les éleveurs entretiennent avec leurs animaux. Pour certains éleveurs, cette relation est centrale ; ce sont les passionnés. Pour d’autres, elle est avant tout utile ; ce sont les artisans. Et enfin, les entrepreneurs et les patrimoniaux vont placer cette relation au second plan parce que c’est la gestion de l’entreprise et des hommes qui importent en premier.

Qu’est-ce qui attire les candidats ?

Il faut distinguer les candidats à l’installation de ceux du salariat. L’entreprenariat est une source de motivation très forte des premiers. Ensuite, vient la passion pour l’animal, en particulier pour les candidats non issus du milieu agricole, qui revendiquent de travailler avec les porcs. La clé consiste à bien placer le curseur entre la taille de l’élevage, et donc de l’effectif salarié, et la capacité à manager du chef d’exploitation.

Pourquoi devenir salarié en élevage porcin ?

Les candidats aux postes de salariés déclarent avoir une forte envie de travailler au contact des animaux en général et, pour certains, en particulier avec les porcs. Ensuite, il ne faut pas négliger que l’emploi en élevage porcin est un débouché dans le monde rural d’autant plus important que les conditions de travail et les rémunérations sont intéressantes. La technicité en elle-même peut aussi bien attirer les candidats que les repousser.

Comment les embauchés ou les installés s’épanouissent-ils ?

Ils apprécient l’autonomie et la responsabilité de leur travail, d’autant plus qu’ils ont la sensation d’avancer en permanence puisque les résultats se voient rapidement avec de telles espèces. La relation à l’animal est aussi diversifiée que chez les chefs d’exploitation. Enfin, en arrière-plan parce que ce n’est jamais revendiqué spontanément, on voit apparaître la relation à l’équipe, au management.

D’un autre côté, qu’est-ce qui peut rebuter les candidats salariés ?

Je distingue deux types de contraintes. D’un côté, celles qui sont liées à la personne elle-même : la nécessité d’accomplir des tâches douloureuses pour l’animal ou de gérer la mortalité, par exemple. D’une façon générale, c’est la difficulté de combiner la productivité et le bien-être des animaux. Ils ont besoin d’en connaître le sens.

De l’autre côté, des contraintes émanant des débats sociétaux pèsent sur les salariés comme sur les éleveurs : les craintes d’intrusion dans les élevages et de la médiatisation de leurs actions alors que les salariés ne peuvent pas garantir le « zéro faute » qu’on leur demande.

Les jeunes générations sont-elles sur la même longueur d’onde ?

L’évolution sociétale est amplifiée chez les jeunes : le respect du bien-être animal et la possibilité de travailler à l’extérieur. Ensuite, ils jugent de leur envie de rester ou non dans le métier selon les pratiques du management qu’ils vont rencontrer dans les élevages : qualité de l’accueil, relations dans l’équipe, partage de l’information, etc.

Propos recueillis par Éric Young