Après avoir mené une vie professionnelle diversifiée, Vanessa Brignol, 38 ans, travaille désormais dans la ferme de Bénédicte et Valéry Lebouc, à Auverse (Maine-et-Loire). Ce n’était pas son parcours professionnel initial mais si elle peut traire les vaches tous les matins désormais, c’est grâce au Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (Geiq) Agriqualif.

Bien qu’elle ait travaillé entre autres dans le monde des chevaux, Vanessa Brignol admet volontiers qu’elle ne connaissait pas vraiment l’agriculture en profondeur. Elle s’engage pourtant à suivre en 2019 grâce à la formation continue un certificat de qualification professionnelle « salarié en élevage laitier » à l’école de la chambre régionale d’agriculture des Trinottières à Montreuil-sur-Loir. L’objectif de cette formation est de donner rapidement les compétences techniques et opérationnelles pour devenir agent qualifié en élevage laitier.

À l’occasion du passage en agriculture biologique

Bénédicte et Valéry Lebouc exploitent 300 hectares sur deux sites. 120 hectares sont consacrés à leur troupeau de 90 vaches laitières. L’exploitation est convertie en agriculture biologique depuis 2019. Tous les deux associés, ils emploient un salarié en CDI qui se consacrent surtout aux grandes cultures.

« Pour le lait, nous avions l’habitude de travailler avec des apprentis pendant leur formation en CS lait. À l’occasion du passage à l’agriculture biologique, nous avons voulu embaucher un autre CDI pour cet atelier. Mais nous n’avons pas trouvé le bon candidat. Nous sommes donc revenus vers la solution de l’apprenti ou du Geiq », raconte Bénédicte Lebouc.

Trouver un candidat rapidement

Dans un premier temps, les exploitants s’arrêtent sur une personne présentée par le Geiq Agriqualif mais l’éloignement géographique ne rend pas la collaboration facile. Après son départ, le Geiq Agriqualif propose la candidature de Vanessa Brignol. « C’est un premier avantage évident du Geiq : sa rapidité à trouver des candidats parce qu’il est en contact avec un vivier de personnes qu’il connaît bien. D’un autre côté, le Geiq nous connaît bien aussi puisque nous travaillons avec eux depuis longtemps. »

Depuis janvier 2021, Vanessa Brignol travaille, à raison de 35 heures annualisées, dans l’élevage laitier de Bénédicte et Valéry Lebouc à Auverse. Elle n’est pas embauchée directement par les agriculteurs mais par Agriqualif. Le dispositif Geiq, porté par les entreprises et soutenu par l’État, s’adresse à un public éloigné de l’emploi : jeune sans qualification, senior, porteur d’un handicap, réfugié, sortant d’incarcération, etc. Le Geiq met en relation les entreprises et personnes ayant des difficultés à entrer sur le marché du travail, grâce à l’outil de la qualification et de l’alternance.

Flavie Gobin, animatrice de Geiq Agriqualif à Angers, avance quelques chiffres : « Notre Geiq regroupe 159 entreprises adhérentes sur notre territoire. En 2019, nous avons mis en place 108 contrats d’alternance, avec un taux d’insertion de 74 % et un taux de qualification de 92 % %. » Le Geiq Agriqualif accompagne majoritairement des personnes éloignées de l’emploi et en quête d’un avenir professionnel sécurisé.

Trouver des solutions

Bénédicte et Valéry Lebouc tiennent compte du parcours et des envies de Vanessa Brignol. Elle présente un certain appétit pour la conduite des engins agricoles. Comme l’atelier laitier est limité sur cet aspect, elle travaille avec le salarié permanent afin de conduire les machines pour l’atelier des grandes cultures ou entretenir les machines. Les exploitants cherchent même des solutions de formation au-delà de leur structure : « Comme Vanessa Brignol dispose du Certiphyto mais que nous n’épandons pas depuis que nous sommes en bio, nous cherchons avec le Geiq Agriqualif une autre exploitation où elle pourrait exercer cette compétence », raconte Bénédicte Lebouc.

Un accompagnement par le groupement d’employeurs

D’une façon générale, Bénédicte Lebouc apprécie l’accompagnement que procure le Geiq même sur le sujet de la relation avec le salarié : « C’est bien le Geiq qui signe le contrat de travail mais c’est nous qui sommes en contact quotidien avec la salariée. Trois semaines après l’embauche, le Geiq a conduit une réunion pour faire un premier point entre nous et Vanessa Brignol. Ensuite, tous les trois mois un conseiller emploi d’Agriqualif vient sur place mener des entretiens avec la salariée et avec les exploitants. D’un côté, c’est un garde-fou pour éviter les dérives du management. Mais c’est aussi une aide à la prise de parole pour savoir quoi dire et comment le dire. Et ça, c’est une sorte de formation au management pour les agriculteurs employeurs ».

Éric Young