Trois associés, un salarié à temps plein, un second à 60 %, deux stagiaires : l’équipe du Gaec du Hamel au Cœur, à Saint-Jean-de-Folleville, ne compte pas moins de sept personnes. Un minimum, pour s’occuper des 150 vaches laitières et des 170 hectares de cultures.
L’exploitation a commencé à grandir en 2010, avec l’installation de Germain Trouvay au côté de son père, Thierry. En 2011, c’est au tour du second frère, Thomas, de s’installer sur le Gaec. Il apporte alors près de 800 000 litres de lait d’un coup, ce qui entraîne une révolution dans l’exploitation.
« On a dû réorganiser les bâtiments, en construire de nouveaux, et il nous a fallu aussi recruter », se souvient Thomas. Et avec les premiers recrutements, arrivent les premiers questionnements sur l’organisation de l’entreprise.
Objectif n° 1 : préserver les équilibres humains
Rapidement, les associés prennent un employé, puis des stagiaires. « On a constitué notre équipe au fur et à mesure des opportunités », explique Thomas. Aujourd’hui, lui et son frère prennent le temps de petit-déjeuner, chaque matin, avec leur équipe, pour échanger sur le travail, mais surtout pour préserver la complicité professionnelle avec leurs employés.
Nous voulons à tout prix préserver cette équipe qui marche depuis trois ans
Thomas Trouvay, associé en Gaec avec son frère et son père
« On a une équipe qui marche, et on veut tout faire pour conserver cette dynamique », se réjouit Thomas. L’année dernière, cependant, il a laissé un salarié partir, sans regrets. « C’était quelqu’un qui travaillait de manière assez égoïste, ce qui allait profondément à l’encontre des valeurs humaines que mes associés et moi défendons. »
Le conseiller des Trouvay chez CER France, M. Legay, oriente alors Thomas et son frère en février 2018 vers une formation courte, en communication et en management. « En tant qu’exploitant, on s’intéresse en général plutôt à la technique, et on n’est pas habitué à ce type de démarche. Il fallait donc chercher des compétences à l’extérieur », reconnaît Thomas.
Objectif n° 2 : anticiper les turbulences
Faisant suite à cette formation, les deux frères décident donc de travailler sur une charte des valeurs, qui devrait voir le jour dans les prochains mois. « Il y aura six ou sept points cruciaux, comme le respect, la solidarité, et la cohésion d’équipe », prévoit Thomas.
La charte permettra de conserver la bonne ambiance qui règne entre nous
Maxime Nibreu, apprenti sur le Gaec des Trouvay
Maxime, apprenti sur le Gaec, salue déjà l’initiative. « En la signant, on sait à quoi s’en tenir d’un côté comme de l’autre, et ça évite de gâcher une ambiance par un salarié qui ne les partagerait pas », se félicite le jeune homme.
La future charte sera utilisée très prochainement, lors de recrutements. « Un apprenti nous quittera l’année prochaine, un autre dans deux ans. Et il y a surtout notre père, qui va partir à la retraite », anticipe Thomas. Lui et son frère ne chercheront pas un nouvel associé, mais un cadre, sur le choix duquel ils espèrent ne pas se tromper. « Dans la phase de recrutement, nous présenterons donc la charte aux candidats, pour qu’ils comprennent nos priorités en matière de management ».
La clé : associer les salariés
« Si on veut vraiment déléguer, il faut intéresser ses salariés, et notamment par du partage d’information », estime Thomas. La charte est encore aujourd’hui à ses balbutiements, mais dès que les choses seront plus concrètes, les frères Trouvay solliciteront leur équipe.
Les valeurs doivent être un outil véritablement collectif
Thomas Trouvay
« On organisera une séance de travail pour qu’ils donnent leur avis et qu’on puisse dessiner une vision collective de l’entreprise. Si ce n’est pas un outil véritablement commun, il ne servira pas à grand-chose », lance Thomas. La version finale de la charte sera alors présentée lors d’une réunion formelle. « Nous aborderons à cette occasion d’autres sujets, comme les perspectives à moyen terme ou un éventuel intéressement. »
Car si les frères espèrent attirer de futurs candidats par leurs valeurs humaines, ils n’oublient évidemment pas l’aspect financier du travail. « Pour que nos salariés restent chez nous, on essaye toujours d’apporter un plus », confie Thomas.