Comment évaluer la faisabilité d’une embauche sur son exploitation quand la main-d’œuvre manque ?

La question qui se pose, avant toute chose, c’est : « Pourquoi je m’interroge sur la nécessité de main-d’œuvre supplémentaire. J’ai perdu un associé ? Je n’arrive plus à tout gérer ? Je lance un projet de diversification… ? » Dans tous les cas, l’exploitant fait face à des problèmes de qualité et d’efficacité, ce qui l’amène à réfléchir sur la main-d’œuvre. Alors, il est possible d’y répondre par de la mécanisation, l’optimisation de ses pratiques, l’association ou encore… le salariat. Mais le salariat est toujours vécu comme la dernière solution. Pourtant, l’association, plus évidente, présente aussi ses limites, en termes relationnels par exemple. Le coût d’une association (et d’une fin d’association) peut se révéler désastreux. Par ailleurs, avec la génération émergente, ce qui était sans limite hier, ne l’est plus aujourd’hui : il n’est plus possible de raisonner sur le temps de travail comme une ressource infinie.

Que constatez-vous sur le terrain : pourquoi le salariat est-il vécu comme la dernière solution ?

J’entends souvent que le management est compliqué, que le salarié a des horaires, bref que des contraintes… La base du raisonnement est toujours le même : embaucher un salarié a un coût et n’est jamais perçu comme un apport ou une contribution. Tandis que faire le choix d’investir dans un nouveau tracteur apparaît souvent beaucoup moins difficile. Mettre 100 000 euros dans une nouvelle machine est plus évident que 30 000 euros pour un emploi salarié. Et, de la même façon, s’il est évident de faire une étude prévisionnelle avant de prendre une décision d’investissement, ce type de réflexion reste très rare dans un projet d’embauche. C’est dommage.

Comment évaluer la pertinence d’une embauche alors ?

Il s’agit de réaliser une étude préalable, comme on réalise un business plan, pour acheter du matériel par exemple : en définissant les avantages, les caractéristiques, les bénéfices attendus. C’est possible de le faire sur de la main-d’œuvre. On va trop vite à̀ la notion de coût sans passer par la case du bénéfice : qu’est-ce que ça va m’apporter ? Avec le même degré d’incertitude que dans l’investissement pour une machine – personne n’a de boule de cristal –, il est possible d’identifier en euro de ce que l’on peut attendre de cette ressource. Maintenant il faut aussi accepter d’y consacrer un peu de moyens, et du temps, pour faire ce choix.

Propos recueillis par Rosanne Aries