Face aux difficultés de recrutement et à la hausse du coût de la main-d’œuvre, les agriculteurs californiens s’adaptent et changent de stratégie.

Modification des surfaces

Selon une enquête par le premier syndicat agricole aux États-Unis, l’American Farm Bureau Federation, en collaboration avec l’Université de Californie à Davis (UC Davis), ils se tournent en effet vers des cultures économes en main-d’œuvre.

 

« Les agriculteurs réagissent en modifiant leurs pratiques de production », constate l’un des auteurs de l’étude, Zachariah Rutledge, doctorant au département d’économie agricole et des ressources de l’université de Californie (UC Davis). 37 % ont ainsi déclaré avoir ajusté leurs pratiques culturales, par exemple en réduisant ou en retardant le désherbage et l’élagage. 31 % des agriculteurs ont par ailleurs modifié la superficie de leur culture principale. Et nombre d’entre eux ont augmenté la superficie de leurs cultures nécessitant moins de main-d’œuvre.

Sortir des rangs

« Nous avons notamment dû abandonner les cultures en rangs qui étaient de bonne qualité pourtant », explique l’un des agriculteurs interrogés. Plus de la moitié des exploitants questionnés ont planté davantage de cultures telles que les courges, les noix, le maïs ou le coton, qui nécessitent moins de main-d’œuvre. Les agriculteurs californiens se tournent aussi vers plus de mécanisation, avec un recours plus grand ces dernières années aux équipements spécialisés pour les tracteurs.

Travail illégal en hausse

En parallèle, les agriculteurs demandent au Congrès d’adopter une réforme de la main-d’œuvre agricole pour permettre aux immigrants de travailler légalement. En Californie, céréaliers et éleveurs embauchent près de 473 000 employés en haute saison. Mais 50 à 70 % des travailleurs embauchés ne sont pas autorisés à travailler aux États-Unis, selon l’enquête.

 

Seulement 6 % des personnes interrogées ont déclaré s’être inscrites au programme fédéral de visas de travail pour les travailleurs agricoles temporaires au cours des cinq dernières années. Un programme qui peine à convaincre, les visas temporaires ne seraient en effet pas jugés pratiques par les petites entreprises.

Une pénurie qui s’accentue

Plus de la moitié des agriculteurs interrogés (56 %) n’ont pas été en mesure d’embaucher le nombre de travailleurs souhaité au cours des cinq dernières années. Et le phénomène s’accentuerait davantage au fil des ans, puisque 70 % ont déclaré avoir eu plus de difficultés à recruter des candidats, en 2017 et 2018. Bref, l’agriculture américaine peine à attirer et ce, malgré les efforts récents réalisés en matière d’avantages sociaux. 86 % déclarent en effet avoir augmenté les salaires pour recruter suffisamment de personnel. 61 % ont par ailleurs déclaré avoir même embauché un entrepreneur en travaux agricoles pour parvenir à recruter ces employés qui font tant défaut.

 

Parue au début de mai, l’enquête a été menée auprès de 1 000 exploitants de l’État de Californie.