Seulement quatre éleveurs européens sur dix sont équipés d’outils pour valoriser l’identification électronique. Telles sont les conclusions d’une enquête conduite en fin d’année 2018 par Pauline Rivallant, élève ingénieure à l’école Purpan de Toulouse, sur un panel de plus de mille exploitants. « Les éleveurs ne semblent pas cerner clairement le rapport coût-bénéfice de l’investissement », complétait Dominique François, de l’Inra, qui présentait l’étude lors d’une rencontre SheepNet (1) nationale. Les éleveurs perçoivent l’investissement comme une charge, sans appréhender l’impact sur l’organisation du travail ou l’efficacité du tri des animaux, par exemple.

Les pays du réseau SheepNet ont servi de base à l’enquête : 1 148 réponses complètes d’agriculteurs ont été compulsées. La participation n’est pas homogène, puisque les Français ont répondu les plus nombreux (489 réponses), avant les exploitants irlandais (350), britanniques (95), turcs (92), espagnols (60), italiens (40), roumains (18) et hongrois (4). Les éleveurs de brebis allaitantes ont participé plus massivement (61 %). « La majorité des 1 448 exploitants, soit 64 %, considèrent l’identification électronique comme une opportunité, mais seulement 38 % d’entre eux sont équipés », poursuit Dominique François.

Les élevages les plus pourvus sont les « laitiers » : 62 % d’entre eux disposent d’un outil. L’effectif du troupeau est également un indicateur. Au-dessus de 1 000 brebis, 80 % des exploitations possèdent un outil et/ou un lecteur. Une surprise toutefois, l’âge de l’agriculteur n’est pas un critère distinctif.

Le coût, principal frein à l’investissement

L’outil qui remporte le plus grand succès est la cage de pesée automatique, présente dans 61 exploitations européennes. Le Dac avec affichage automatique en salle de traite arrive en deuxième position : il est présent dans 38 élevages. Viennent ensuite le compteur à lait (30 éleveurs), le Dac (21) et le pistolet vermifugeur automatique (15), pour les outils les plus cités. Le logiciel de gestion de troupeau est utilisé chez 37 % des exploitants. Les laitiers sont les plus nombreux à l’avoir installé.

Parmi les freins à l’équipement, Dominique François cite le coût et la taille du troupeau. Le manque de formation dispensé lors de l’achat du matériel informatique peut également expliquer la frilosité des éleveurs pour investir.

M.-F. Malterre

(1) SheepNet est un réseau d’échanges européen financé par l’UE qui regroupe sept pays (Irlande, France, Royaume-Uni, Roumanie, Espagne, Italie et Turquie. Le but est de renforcer l’attractivité de la filière ovine tout en améliorant les critères technico-économiques. Le 12 avril, l’équipe française était réunie au lycée agricole de Figeac, dans le Lot. Plus d’infos sur www.sheepnet.network/fr