Depuis 2022, Erwan et Jean-Jacques Tanneau profitent enfin de leurs week-ends. À la tête de 100 prim’holsteins à Concarneau dans le Finistère, les frères ont franchi un nouveau cap dans l’automatisation de leur ferme laitière en remplaçant la salle de traite par des robots.

La plupart des travaux d’astreintes de l’exploitation sont désormais automatisés. La traite, qui demandait au moins trois heures par jour dans une salle de traite TPA (2 x 8 postes) est remplacée par les deux robots (Astronautes 5 Lely). La distribution de l’alimentation s’effectue également grâce à un automate et le raclage est pris en charge par un racleur à corde derrière les cornadis et par un automate aspirateur (Discovery) entre les logettes.

© Marie-France Malterre/GFA - Le raclage est entièrement automatisé grâce à un robot qui circule entre les logettes et au racleur à corde installé derrière le couloir d'alimentation.

Avant l’installation des robots, le chef d’élevage assurait les dix traites de la semaine et les deux frères se relayaient pour celles du week-end. En fin de compte, ils n’avaient pas de répit puisqu’ils gèrent aussi une entreprise de vidange et d’assainissement, les deux poulaillers (2 550 m2), et les 320 ha de cultures.

Des week-ends moins « chargés »

« Aujourd’hui, en 2 heures le samedi (1 h le matin et 1 h le soir), nous avons bouclé le travail, explique Jean-Jacques. Celui-ci se résume à la surveillance des animaux et au nettoyage des logettes et surtout nous n’avons pas de tracteur à démarrer. » Le dimanche, les associés ne passent dans le bâtiment que le matin. Les tâches les plus pénibles ont été supprimées. « J’avais des douleurs aux épaules à cause des gestes répétitifs de la traite, mais ceux-ci ont maintenant disparu », complète Jean-Jacques.

Tangi Guyader, le jeune salarié de l’élevage, se réjouit des conditions que lui offre son poste. « C’est un emploi rêvé, expliquait-il le 7 décembre lors d’une après-midi portes ouvertes sur l’exploitation. Les robots apportent de la souplesse à l’organisation du travail. J’ai la possibilité d’adapter les horaires sans que cela ne bouleverse le programme de la journée. Quand j’étais au service de remplacement avant d’être embauché à la SARL du Treff, je devais parfois me lever à 4 heures du matin. Lorsque l’exploitation était éloignée de chez moi, pour assurer les deux traites de la journée avec un délai suffisant entre les deux, je devais nécessairement me lever tôt et rentrer tard.»

© Marie-France Malterre/GFA - La distribution de l'alimentation, poste le plus chronophage, a été automatisée en 2019 par les deux frères.

Compétences exigées

Tangi est arrivé sur l’exploitation en même temps que les robots de traite. « Notre ancien salarié a suivi son épouse qui était mutée dans le Massif central, explique Jean-Jacques. Nous n’avons pas eu de mal à recruter même si c’est un poste qui demande des compétences très pointues. Il faut montrer de l’aisance à la fois pour l’analyse des données fournies par les robots et pour observer les animaux. »

Le jeune chef d’élevage déclare passer près de 2 heures chaque jour sur son téléphone ou sur l’ordinateur. « Je circule aussi dans la stabulation et je connais très bien les vaches, explique-t-il. Celles qui tardent à la traite sont souvent les mêmes. Je ne les pousse pas forcément vers le robot, je sais qu’elles iront d’elles-mêmes vers l’automate au moins deux fois dans la journée. » Si la tâche n’est pas pénible, elle demande de l’attention. Elle correspond au goût de Tangi qui avoue ne pas être attiré par la conduite des tracteurs, contrairement à bon nombre de ses camarades.

La gestion des alarmes des équipements automatiques est devenue primordiale dans le fonctionnement de l’exploitation. Les associés sont toutefois parvenus à trouver un équilibre et ils n’observent aucun inconfort en lien avec ces programmations. « Je ne me suis jamais levé la nuit », souligne Jean-Jacques. 

« Le fait de disposer de deux robots côte à côte est rassurant pour les exploitants, souligne Philippe Le Carluer, technicien bâtiment à Eureden et concepteur de l’aménagement. En cas de panne de l’un d’entre eux, le second est toujours en capacité d’assurer la traite. Le respect du calendrier de l’entretien reste une étape à ne pas négliger. »

© Marie-France Malterre/GFA - "Les robots offrent de la souplesse pour adapter les horaires", explique Tangi Guyader le salarié en charge de la conduite du troupeau.

Des performances améliorées

Le robot d’alimentation (Vector de Lely), mis en place en 2017 offre également beaucoup de souplesse et de confort de travail. La recharge de la « cuisine » est réalisée par Tangi deux fois par semaine : le mardi et le vendredi. Le robot s’occupe de tout par la suite. Il est programmé pour passer toutes les 2 heures devant les auges des vaches et des génisses. En fonction de la hauteur des fourrages restants, l’automate réapprovisionne ou non. Les concentrés sont distribués à part, lors du passage des vaches à la traite.

« Au moment de renouveler notre mélangeuse automotrice, nous avons étudié l’éventualité d’un robot, se souvient Jean-Jacques. Son coût était supérieur de 50 000 €, mais compte tenu du gain de temps qu’il procurait, nous avons opté pour cette solution. »  En fonction des rations, il faut parfois confectionner trois mélangeuses par jour, ce qui rend cette tâche encore plus chronophage que la traite.

En outre, la présence d’une alimentation fraîche à tout moment devant les animaux a permis d’améliorer les performances. « Au bout de 8 mois, nous avons dépassé l’objectif de production », souligne Jean-Jacques. L’effectif du troupeau est passé progressivement à 110 vaches et la production a atteint 1,2 million de litres ».