L’exosquelette a le vent en poupe pour assister le trayeur dans ses mouvements les plus pénibles. Pour autant, l’équipement n’apporte pas toujours le confort escompté. C’est l’enseignement d’une étude conduite par les chambres d’agriculture de Normandie et la Mutualité sociale agricole (MSA) pendant trois mois avec trois trayeurs différents utilisant trois salles de traite différentes.

« À l’issue de l’essai, aucun des trois trayeurs n’a fait le choix de s’équiper », rapporte Céline Collet de la chambre régionale d’agriculture. Mieux vaut donc prendre le temps de considérer avec précision son achat. « Dans tous les cas, il est important d’envisager ce type d’équipement en dernier recours, après avoir passé en revue l’aménagement lui-même de son installation de traite », précise-t-elle.

Si la hauteur du quai, par exemple, demande au trayeur de lever sans cesse les bras au-dessus du plan des épaules ou si les faisceaux de traite sont trop lourds, mieux vaut en premier lieu corriger ces deux erreurs. Par ailleurs, une salle de traite conçue il y a trente ans n’est pas forcément adaptée à la traite des vaches d’aujourd’hui. Les mamelles des vaches, en raison du progrès génétique, sont plus hautes et cela peut justifier un ajustement du plancher de traite.

« Investir dans des manchons « légers » apporte un confort important, souligne Céline Collet. L’investissement se révèle souvent efficace. Il change la vie du trayeur. » Toutes les organisations ne sont pas compatibles avec le port d’un exosquelette. L’équipement, qui s’enfile comme un sac à dos, peut être gênant lors des allers et venues répétées dans l’aire d’attente ou lors de l’abreuvement des veaux par exemple. Le trayeur risque de heurter ou d’accrocher l’exosquelette et de l’endommager.

Un avis médical indispensable

« Avant d’investir, un avis médical s’impose pour s’assurer que l’opérateur n’a pas de contre-indications », insiste l’expert. Le médecin procède à un interrogatoire et à un examen pour vérifier que le trayeur n’a pas de pathologies neurologique, cardiaque, cutanée ou squelettique, contre-indiquées.

Le réglage de l’équipement est également une phase à ne pas négliger. En fonction des modèles, il est plus ou moins simple. « Il est propre à chaque utilisateur. Mieux vaut se faire accompagner par le revendeur », conseille Céline Collet. Mal porté, l’équipement peut être à l’origine d’inconfort, voire de douleurs.

« Il peut être judicieux de négocier une période d’essai avec le revendeur», suggère également l’experte. Pour l’instant, l’effet de l’exosquelette sur le long terme n’est pas connu. Des études sont en cours pour en savoir plus, mais nous ne savons pas si, à longue échéance, l’impact sera bénéfique ou délétère. » 

Même si les trois exploitants normands n’ont pas fait le choix de s’équiper, sur le terrain des éleveurs sont satisfaits de l’outil. C’est le cas d’Elisabeth Burette, à la tête de 70 vaches laitières dans les Hauts de France, qui témoignait lors du Sima (1). Elle utilise un Skelex depuis un an et n’a plus de douleurs aux épaules. Alexis Graindorge, l’un des trois éleveurs « testeurs », qui témoignait également au Sima, soulignait l’importance d’une salle de traite « optimisée », c’est-à-dire adaptée à la taille du trayeur, et dotée d’un plancher de traite mobile dans son cas pour le confort de tous les intervenants.  Recourir au salariat pour alléger le rythme de traite ou l’investissement dans un robot de traite sont, selon lui, des pistes à explorer.

(1) Du 6 au 10 novembre 2022 à Paris Nord Villepinte.