"Nous nous sentons impuissants face à la prédation des ours, lance Sophie Alzieu, référente pour la prédation à la FDSEA de l'Ariège. Plus de la moitié des attaques litigieuses d'ours (19 sur 28) n'ont pas été reconnues par la commission des recours qui s'est tenue le 14 décembre 2022. Malgré des éléments probants, l'État écarte de plus en plus d'attaques."

Un délai trop court

La raison majoritairement avancée est le non-respect du délai de 72 heures entre la date présumée de l'attaque et la date de signalement à l'OFB (Office français de la biodiversité). "Or, c'est un délai très difficile à respecter, souligne Sophie Alzieu. Les conditions sont parfois difficiles en montagne. Quatre jours de brouillard  par exemple peuvent se succéder, rendant compliqué le rassemblement nocturne. Même avec une météo ensoleillée, le berger ne peut pas compter toutes ses brebis tous les soirs. Il connaît bien son troupeau, mais repérer une brebis manquante sur 1 500 est une tâche très difficile."

L'État minimise la présence des prédateurs en Haute Ariège

En Haute Ariège, où les attaques augmentent sur les bovins en particulier, les éléments probants comme la présence d'ours proches ne suffisent pas à faire reconnaître les attaques. "C'est une zone où l'État minimise la présence des prédateurs, indique Sophie Alzieu. Même les attaques litigieuses reconnues et indemnisées sont classées "douteuses" et ne sont pas intégrées aux dégâts des prédateurs."

Autre élément probant, le constat effectué par les vétérinaires de l'exploitation. À la suite de blessures ou de morts suspectes de leurs animaux des éleveurs appellent leur vétérinaire qui, pour trois d'entre eux, ont clairement établi une comparaison avec des attaques d'ours. Pourtant, leurs constats restent lettres mortes. L'Administration ne retient pas leur témoignage. "Ne sont-ils pas les mieux placés pour faire une autopsie et avoir une lecture juste de blessures sur les animaux ?" interrogent les éleveurs.

"Il est temps de trouver des solutions, insiste Sophie Alzieu. Il en va de l'avenir de la montagne. Cela ne concerne pas que l'élevage. La sécurité des usagers de la montagne est aussi menacée. Les ours sont de plus en plus nombreux. A la différence des souches pyrénéennes d'antan, ces ours n'ont pas peur de l'homme."

(1) Des représentants de la chambre d'agriculture, de la Fédération pastorale, des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA de l'Ariège ont publié un communiqué le 29 décembre 2022.