«Juste avant de m’installer il y a sept ans, j’avais vu deux blaireaux manger la farine des vaches dans les nourrisseurs à proximité des bâtiments », explique Clément­ Péchinot, éleveur à Vitteaux (Côte-d’Or). Il est à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage allaitant, avec 70 vaches charolaises et limousines, sur 200 ha de SAU. « J’ai commencé à piéger en 2015, quand des élevages situés à quelques kilomètres de notre ferme ont été contaminés par la tuberculose. La première année, avec mon père, nous avons attrapé 22 blaireaux. »

Repérer les coulées

Pendant plusieurs hivers, entre les mois de novembre et de mars, alors que la pression sanitaire était forte, des collets homologués par la Fédération départementale de la chasse ont été posés tous les soirs après avoir nourri les bêtes, dans un rayon de 3 à 10 kilomètres autour des bâtiments. « À l’époque, nous étions une demi-douzaine de piégeurs à intervenir localement. »

Les collets posés vers 18-19 h étaient relevés le matin à partir de 7 h. L’hiver, les nuits sont plus longues et la végétation moins développée. Il est plus facile de repérer les coulées par lesquelles passent les animaux.

Récupéré par l’éleveur avec des gants, l’animal piégé est éliminé à l’aide d’une carabine et non d’un fusil. Les organes doivent être préservés. La dépouille de l’animal est mise dans un sac en plastique ficelé, puis emmenée par un louvetier pour réaliser les analyses.

Formation indispensable

Pour piéger, Clément a suivi une formation organisée par la Fédération départementale de la chasse, qui a été prise en charge. Déjà chasseur (1), l’éleveur a trouvé très intéressantes les deux journées alliant théorie et pratique. « J’ai beaucoup appris sur les nuisibles, les blaireaux mais aussi les fouines, les martres et les oiseaux, ainsi que sur la manière de reconnaître leurs traces et leurs passages. On nous enseigne également à bien utiliser les principaux pièges (une demi-douzaine), à installer le collet à la bonne hauteur, dans une bonne position. Bien l’accrocher à un arbre suffisamment solide est indispensable. Le tronc de ce dernier doit faire au moins 15 cm de diamètre. À défaut, avec ses dents et ses griffes, le blaireau peut parvenir à le couper et à s’enfuir. »

La nécessité de s’assurer

Cette formation est un préalable afin de pouvoir s’assurer, à raison de 35 euros par an environ à la charge du piégeur. C’est une précaution nécessaire face aux risques­ potentiels de plainte de pro­priétaires de chiens, de chats, ou de randonneurs. Sur chaque collet, est apposée une plaque avec le numéro d’identification du piégeur. Ce dernier est donc vite retrouvé.

Depuis deux ans, alors que les blaireaux se font rares, Clément et son père ont cessé de pister l’animal. Malgré tout, le jeune éleveur reste en veille : récemment, un blaireau a été aperçu à proximité de la ferme. Si cela est nécessaire, l’éleveur posera ses collets, mais dans un rayon plus restreint pour limiter la charge de travail quotidienne à 45 minutes maximum. « Mieux vaut prendre du temps pour piéger plutôt que d’encourir le risque de devoir abattre le troupeau si une vache est positive à la tuberculose », estime l’éleveur. Anne Bréhier

(1) Il n’est pas obligatoire d’être chasseur pour piéger.