Les sondeurs promettaient un match serré pour ce premier tour de l’élection présidentielle. Ils avaient raison, forçant ces instituts à doubler le nombre de bureaux de vote dont ils suivent le dépouillement pour pouvoir siffler la fin de la première mi-temps ce 23 avril 2017, à 20 heures : Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront le 7 mai pour conquérir l’Élysée.
Pendant cette deuxième mi-temps, deux programmes résolument opposés s’affronteront. Celui du candidat d’En Marche ! est européen. C’est le mur de défense qu’il imagine contre la mondialisation. Reste à trouver un terrain d’entente avec les autres joueurs, les États membres, pour faire de la Pac un véritable outil de protection contre la volatilité des prix et assurer les mêmes règles du jeu – fiscales, sociales et environnementales – à tous.
Sans surprise, la présidente du Front national met l’Europe hors-jeu. Elle ne croit plus à la Pac ou que l’Union fait la force. Elle tacle les accords de libre-échange négocié par Bruxelles, ou en cours de discussion, estimant que l’agriculture en sort rarement gagnante. Elle préfère parier sur la réputation de l’Hexagone et de son agriculture pour restaurer son rang de puissance agricole.
Les résultats de la première mi-temps restent inédits depuis la création de la Ve République : Les Républicains et le Parti socialiste, sont expulsés au premier tour. Ils n’ont pas dit leur dernier mot pour autant. S’ils appellent à faire barrage au Front national, ils patientent sur le banc de touche et préparent la troisième mi-temps : les législatives.
Car même élu largement, le prochain locataire de l’Élysée aura besoin d‘une majorité parlementaire pour voir son programme appliqué. Sans elle, le plan massif d’investissement dans l’agriculture d’Emmanuel Macron n’a aucune chance de voir le jour. C’est la même chose pour la renationalisation de la Pac de Marine Le Pen. Et pour un camp comme pour l’autre, ce match est loin d’être gagné.