Un Français sur trois n’arrive pas à se nourrir correctement tous les jours. Dans un rapport publié le 17 octobre 2024, l’Institut Montaigne (1) alerte sur la précarité alimentaire qui touche chaque année davantage de foyers. « La France est aujourd’hui confrontée à un triple défi alimentaire : social, sanitaire et écologique », constate l’Institut. Face à cette « fracture alimentaire », il émet six recommandations. Parmi elles, une taxe sur le sucre.

Taxer les produits trop sucrés
Prix de l’alimentation, revenu du consommateur, éducation alimentaire, maillage territorial de l’offre, les recommandations visent deux objectifs : limiter l’expansion des déséquilibres alimentaires et lutter contre la précarité alimentaire.
Pour le premier objectif, l’Institut Montaigne propose notamment de réduire le niveau de consommation de sucre chez les enfants et les adolescents. « Aujourd’hui, un enfant de 8 ans a déjà ingéré en moyenne plus de sucre que ses grands-parents au cours de toute leur vie », précise-t-il.
Il suggère ainsi de taxer les sucres ajoutés dans certains produits transformés, tels que les confiseries, les biscuits sucrés et chocolats, ou encore les pâtes à tartiner. Cette taxe s’appliquerait aux industriels commercialisant ce type de produits qui ne respecteraient pas un pourcentage maximal du taux de sucre préalablement défini.

L’Institut recommande également de revenir à un taux de TVA normal de 20 % sur l’ensemble des catégories des produits concernés et d’améliorer l’efficacité de la taxe française sur les boissons sucrées et édulcorées en adaptant son barème sur le modèle de la taxe britannique.
Titres-restaurant et chèques alimentaires
Pour limiter l’expansion des déséquilibres alimentaires, deux autres recommandations sont formulées. Parmi elles, celle d’encourager la consommation de fruits et légumes.
L’Institut propose de créer un complément de 50 euros par mois aux titres-restaurant pour les salariés, spécifiquement destiné à l’achat d’aliments sains et durables. Ce supplément viendrait s’ajouter au budget actuel des titres-restaurant, sans le diminuer, précise le rapport.

Autre objectif, celui de lutter contre la précarité alimentaire. L’Institut Montaigne préconise notamment d’exonérer de TVA les achats de denrées alimentaires pour les associations habilitées d’aide alimentaire et de remettre le chèque alimentaire à l’ordre du jour.
À hauteur de 30 euros par mois, ce soutien budgétaire destiné aux quatre millions de Français les plus modestes offrirait la possibilité d’acheter quatre portions de fruits et légumes par jour.
Au total, l’Institut Montaigne appelle « à une mobilisation collective et à une répartition des responsabilités, celles-ci ne pouvant plus reposer uniquement sur les consommateurs. Tous doivent être impliqués dans un effort global et concerté entre pouvoirs publics, industriels, distributeurs, restaurateurs et consommateurs », conclut le rapport de près de deux cents pages.
(1) L’Institut Montaigne se définit comme un cercle de réflexion indépendant, composé d’experts, qui propose des études et des débats sur les politiques publiques au service de l’intérêt général.