Dans un appel lancé le 13 février 2023, l’Afac-Agroforesteries (Association française arbres champêtres et agroforesteries) propose un grand plan national pour les haies. L’association veut lutter contre la disparition des haies en France et densifier la trame verte dans les campagnes. Pour cela, elle compte sur la mobilisation de l’État et des collectivités.
Freiner les dégâts
Le rythme moyen de pertes de haies a doublé, atteignant 23 500 km/an en 2022, contre 11 500 km/an auparavant, déplorent les défenseurs des haies. La modernisation de l’agriculture a entraîné la disparition des trois quarts du patrimoine arboré agricole en France, selon l’Afac-Agroforesteries. Sans compter 30 ans d’action publique « symbolique », impuissante pour freiner le phénomène, déplore Philippe Hirou, président de l’association. Il vise les pratiques d’élagage mécanique dégradant la qualité des haies et leur arrachage. « Au mieux lorsqu’un kilomètre de haies est replanté, il en disparaît trois fois plus dans le même temps », regrette-t-il.
L’association milite pour redonner aux haies leurs lettres de noblesse. Stockage de carbone, refuge pour la biodiversité, barrière contre les contaminants agricoles, frein à l’écoulement des eaux et l’érosion des sols, ressource énergétique, marqueur paysager… Les services rendus par ces couverts arborés identifiés par l’association sont légion.
Doubler le linéaire de haies à l’horizon de 2050
L'Apac-Agroforesterie publie un plan d’action à destination des pouvoirs publics. Selon ce document, trois actions sont prioritaires pour soutenir le patrimoine arboré national : valoriser, protéger et reconstituer. D’abord, il faut mieux organiser les filières, labelliser les pratiques de gestion durable et mieux rémunérer les propriétaires de haies. En bref, valoriser les haies existantes. Ensuite, les haies doivent être mieux protégées, avec un objectif « zéro disparition ».
Concrètement, les défenseurs demandent à faire respecter la réglementation, en particulier la mesure BCAE 8 de la Pac, mais aussi assurer un meilleur suivi technologique des haies et de leur évolution, et mieux former les gestionnaires de haies. Enfin, l’association veut doubler le linéaire de haies, pour atteindre 1,5 million de km de haies à l’horizon de 2050. Pour reconstituer ce patrimoine, elle propose entre autres de financer la plantation, densifier le maillage de conseillers en agroforesterie, favoriser la régénération naturelle, développer la collecte de grains et de plants locaux.
Régions et parlementaires dans le viseur
Pour appliquer son programme, l’Afac-Agroforesteries demande aux région d'adapter leur politique de subventions d’ici à 2030, mais aussi les parlementaires pour les textes réglementaires à venir. Dans le viseur, la loi d’orientation agricole, la révision de la stratégie bas carbone et la loi de programmation sur l’énergie et le climat. Les défenseurs des haies y voient un avenir prometteur pour la trame verte française.
En parallèle, le gouvernement se penche sur le sort des haies. La mesure « Plantons des haies » du plan de relance doit livrer son bilan prochainement. Selon l'Afac-Agroforesteries, le ministre de l'Agriculture devrait lancer le plan de développement de l’agroforesterie — intégré à la Pac 2023-2028 — au Salon de l’agriculture, à la fin de février 2023. En mars, le ministère devrait également publier les recommandations du CGAAER sur les haies.