Depuis 2012, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, des vendeurs s’installent sur les parkings pour vendre des agrumes. Leur offre : 10 kg d’oranges pour 10 €. L’origine de la marchandise est rarement indiquée, encore moins la variété et la catégorie. Seule la mention « natural » qui ne correspond à rien au niveau réglementaire, apparaît parfois.

 

Ces ventes ont aujourd’hui tendance à s’étendre à l’Auvergne et au Rhône-Alpes et à s’ouvrir à d’autres produits comme l’huile d’olive ou la charcuterie. On est loin des ventes au déballage ponctuelles, autorisées pour écouler des fruits et légume en période de crise.

Une concurrence déloyale

« Au printemps, ils vendent aussi des fraises et des melons, témoigne Sébastien Héraud, producteur de fruits et légumes en Dordogne. Ces ventes de produits sans traçabilité, dans des conditions d’hygiène non conformes, par des personnes qui vivent souvent dans des conditions déplorables, ont un impact sur l’agriculture française et les primeurs, soumis à des normes, à des coûts et à des contrôles de l’Administration. »

 

En 2017, la Direccte (1) Occitanie a contrôlé cinquante stands de vente au déballage dans la région, ce qui a donné lieu à sept procédures contentieuses regroupant plusieurs constats sur l’année et sur plusieurs stands. Deux procès-verbaux administratifs pour défaut d’affichage de prix ont également été dressés.

 

Sauf que sur le terrain, rien ne se passe vraiment. Les sociétés qui réalisent ces ventes sont des « organismes tentaculaires » connus, qui multiplient les « établissements secondaires » très mobiles. Elles ne payent pas les amendes et dès qu’un stand disparaît, un autre se crée.

Agir au niveau local

Pour Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse et président de la Fédération des marchés de gros de France, venir à bout de ces ventes illégales est une question de volonté locale. « À Toulouse, nous y travaillons avec le procureur et les services de l’État, affirme-t-il. Nous avons déjà obtenu des résultats avec un autre genre de vendeurs illégaux en 2001. Mais c’est tous ensemble que nous devons agir pour faire cesser ces trafics. »

 

« Ces ventes sauvages doivent être considérées comme une cause nationale, estime pour sa part Christian Berthe, président de l’Union nationale du commerce de gros en fruits et légumes. Les quatorze “familles” d’Interfel doivent se réunir pour rédiger une nouvelle définition de la vente au déballage. Et pourquoi pas se porter partie civile lorsqu’une infraction remonte au procureur. »

 

(1) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.