« C’est la première fois à la montagne ! » Anne Castex, directrice du Suaci Montagn’Alpes — réseau de chambres d’agriculture — a organisé la venue de Kate Snipes, conseillère agricole près l’ambassade des États-Unis en France. Pendant quatre jours, du 29 juin au 2 juillet 2021, des exploitations ont ouvert leurs portes pour promouvoir le savoir-faire local et des échanges ont été organisés autour des thèmes propres à l’agriculture d’aujourd’hui. Sans compter les balades dans les vergers et les repas fromagers. Un petit tour d’horizon des productions de haute montagne qui semble n’avoir fait que des heureux.

 

 

Visite de l’ambassade américaine dans nos montagnes, au programme : PAC, Farmbill, filière fromages des savoie, sanitaire, lait cru… des échanges enrichissants ! @AOPlaitieres @Dep_74 @JeunesAgri @JA_AU_RA href="https://twitter.com/AgriVercors?ref_src=twsrc%5Etfw">@AgriVercors pic.twitter.com/xlKhmlTfhs

— Justine Fusi (@FusiJustine) June 29, 2021

 

« Ça m’a fait chaud eu cœur de leur expliquer mon travail »

« Au total, nous étions une dizaine de personnes, relate Anne Castex, qui a fait le lien entre l’ambassade et les producteurs de la Haute-Savoie. Le but était de présenter notre agriculture aux Américains et d’échanger sur les thèmes actuels, tels que la Pac, le changement climatique, les risques sanitaires liés au lait cru. » Pour répondre à ces demandes, la visite s’est déroulée en quatre temps.

 

Le premier jour était consacré à la filière du reblochon et la gestion des risques sanitaires. Le rendez-vous était donné à 17 heures à la Ferme des Corbassières, à La Clusaz. C’est une « ferme typique d’élevage bovin laitier de montagne de la région des Aravis, avec transformation fermière en reblochon et tomme de montagne ».

 

C’est Marie-Louise Donzel qui a accueilli la délégation. « Ils sont venus au chalet d’alpage, je les ai emmenés tout là-haut, une première pour eux, raconte-t-elle fièrement. Ils étaient ravis, ils étaient curieux de tout découvrir. Ça m’a fait vraiment chaud au cœur de leur faire visiter ma ferme et de leur expliquer mon travail ! »

 

Une balade au cœur des alpages qui a permis d’échanger sur la filière laitière de la Savoie et d’expliquer comment la protection des indications géographiques, AOP et IGP, est un atout essentiel pour la valorisation des territoires de montagne. Et pour clore cette journée, la délégation a été conviée à un dîner au chalet de haute montagne. Au menu : la reblochonnade locale et « ils ont adoré ! », se réjouit encore Marie-Louise Donzel.

 

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Le savoir-faire savoyard au cœur des visites

Le lendemain, le 30 juin 2021, l’ambassadrice et son équipe ont visité le Gaec du Biolley de Roselend, chez Yvon Bochet. Également président de l’Union des producteurs de beaufort et du Syndicat de défense du beaufort, cet agriculteur dans le Beaufortain a pu accompagner la délégation sur ses alpages et expliquer combien sa région est attachée à ce fromage local dont la fabrication relève du savoir-faire savoyard.

 

 

L’équipe de l’ambassade américaine devant la Ferme des Corbassières à La Clusaz, chez la productrice savoyarde Marie-Louise Donzel. © A. Castex
L’équipe de l’ambassade américaine devant la Ferme des Corbassières à La Clusaz, chez la productrice savoyarde Marie-Louise Donzel. © A. Castex

 

Le 1er juillet 2021, place aux filières viticole et arboricole autour des thèmes relatifs au changement climatique. Dès 10 heures du matin, la délégation était attendue sur l’exploitation fruitière « Atout Pom », à Chevier.

 

« On leur a fait l’accueil directement dans le verger, avec une table, du café, des croissants et on a discuté au cœur du verger, raconte Jean-David Baisamy, arboriculteur et dirigeant de la ferme avec trois autres personnes. En tout, on a 26 hectares. Quatre de poires et vingt-deux de pommes, dont six hectares en bio. La particularité de notre ferme est qu’on produit, stocke et commercialise tout en limitant les impacts environnementaux. Et ce, à chaque niveau. On commerce tous nos fruits nous-mêmes en direct ou semi-direct dans un secteur de cent kilomètres autour de l’exploitation. »

 

« Des échanges chaleureux et conviviaux ! »

En 2h30 de temps, Kate Snipes, la conseillère de l’ambassadrice, et son équipe ont eu le loisir d’échanger sur l’adaptation des productions fruitières face au changement climatique et sur l’agriculture de proximité. « Car le modèle américain est très différent. Ils n’ont plus que de grosses structures. Là, ils voulaient découvrir une agriculture diversifiée et comprendre comment on fonctionnait en tant que plus petites entités, poursuit Jean-David Baisamy, qui confirme la convivialité du moment. C’est dans ces moments-là qu’on se rend encore plus compte de la richesse de notre agriculture française ! »

 

La visite s’est ensuite poursuivie avec un déjeuner organisé à l’auberge « La cave de la ferme », située au cœur de la vallée des Usses, à Frangy. Et c’est le viticulteur Bruno Lupin qui a guidé la délégation américaine dans les allées de son vignoble de plus de cinq hectares. Au programme de l’après-midi : balade dans les vignes, mise en avant du potentiel des cépages de haute montagne et échanges sur la résistance au changement climatique.

 

 

La conseillère agricole près l’ambassade des États-Unis en France a échangé avec le viticulteur Bruno Lupin au milieu des vignes. © Ambassade américaine
La conseillère agricole près l’ambassade des États-Unis en France a échangé avec le viticulteur Bruno Lupin au milieu des vignes. © Ambassade américaine

 

Le dernier jour, c’était quartier libre. « Ils nous ont offert des bouteilles de vin. Il s’agit de cépages français, mais produits aux États-Unis, s’amuse Anne Castex. On a également eu des soucoupes à l’effigie de leur pays. C’était des échanges chaleureux et conviviaux du début à la fin. Tout le monde était ravi de ces visites. L’ambassade avait à cœur de comprendre notre agriculture dans un contexte de nouvelle Pac. Et la montagne fait partie des enjeux majeurs. »

 

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