Comme illustré en introduction du dossier, pour qualifier la collecte française de blé, une grille de classement basée sur le taux de protéines, le poids spécifique (PS) mais aussi le W (force boulangère) et le temps de chute de Hagberg (voir l’encadré pour ces deux derniers critères) a été mise au point. De plus, les contrats prévoient souvent des teneurs maximales en humidité (15 %), en protéines (11,5 %), en grains cassés (4 %), en grains germés (2 %) et en impuretés (2 %), etc., négociées de gré à gré, sur lesquels s’appliquent des réfactions en cas de dépassement. Mais quelle que soit la valorisation du blé, teneur en protéines et poids spécifique (PS) élevés sont toujours recherchés.

Enjeu variétal

Bien que le climat joue un rôle majeur sur la teneur en protéines du grain (de ± 0,5 à 2 %), cette dernière s’élabore en partie au champ. Ainsi, parmi les leviers à la disposition des exploitants se trouve le choix variétal, avec une amélioration génétique leur permettant de disposer d’une meilleure efficience de l’azote.

Arvalis rappelle que pour calculer la dose totale d’azote à apporter, la méthode du bilan prévisionnelle s’appuie sur le besoin unitaire en azote de la variété pour produire un quintal, dit « coefficient b ». L’enjeu du choix variétal est en effet estimé à ± 0,7 % de protéines. Pour atteindre une teneur de 11,5 %, demandée par le plan protéines (lire « La filière en appui »), tout en conciliant le maintien du rendement, un besoin « qualité » en azote « bq » a donc été défini pour chaque variété.

Pilotage de la fertilisation azotée

Mais pour parvenir à cet objectif, il faut aussi adapter la conduite de la fertilisation azotée. Cela passe par le fractionnement de l’apport de la dose totale avec notamment un dernier passage entre la dernière feuille étalée et jusqu’au début de l’épiaison. Pour cela, on peut s’aider d’un OAD (Jubil, Ntester, Farmstar…). Sur des blés de force, ou en cas de forte dose prévisionnelle d’azote, il sera préférable de fractionner en 4 apports.

Toutefois, les conditions climatiques sèches au moment de l’apport, comme ce fut le cas en 2022, incitent parfois les agriculteurs à ne pas épandre ces derniers apports par peur d’une mauvaise efficience. Ceux qui n’étaient pas suffisamment couverts en azote ont pu aussi faire ce choix. « Plus généralement, les prix élevés de l’azote ont incité certains à faire l’impasse », juge Jean-Luc Lespinas, au service de l’agronomie de la Cavac. La forme d’engrais a aussi son importance, notamment en ce qui concerne les apports de fin de montaison. « Il faudra alors préférer l’ammonitrate, moins sensible à la volatilisation que l’urée ou la solution azotée », souligne Didier Lardillier, responsable du service agronomique chez Agrial.

Une norme à 76 kg/hl

Autre critère : le PS. Exprimé en kilogramme par hectolitre, il s’agit de la densité d’un ensemble de grains et de leur agencement spatial les uns par rapport aux autres. Les contrats commerciaux exigent souvent pour le blé tendre un PS d’au moins 76 kg/hl.

Or, cette valeur dépendra en premier lieu de la variété choisie ou plus exactement de sa forme, de ses dimensions ainsi que de l’état de surface du grain. « Il s’agit réellement d’un critère très regardé par les agriculteurs au moment du choix variétal car il y a une notion directe : plus le PS est élevé, plus le poids le sera dans la remorque ! », appuie Jean-Luc Lespinas. Actuellement, celles qui sont cultivées disposent de notes allant de 5 (moyen) à 9 (très élevé). Les PS les plus élevés correspondent souvent à des blés améliorants. Les petits grains laisseront plus d’interstices et conduiront à des PS plus faibles. Mais ce critère dépend aussi en partie de la propreté du lot : les opérations de nettoyage et de manipulations du grain peuvent remonter légèrement sa valeur.

Toutefois, l’un des facteurs influençant le PS, et sur lequel l’agriculteur n’a pas la main, c’est le climat. Le PS se mettant en place juste après la floraison, il est tributaire des conditions météorologiques durant la phase de remplissage, avec une incidence positive des précipitations et du rayonnement. Ensuite, la pluviométrie sur des blés entre le stade « grain laiteux » et la récolte dégrade le PS. Quelle que soit la variété, il existe une perte d’environ 0,5 point par 10 mm.