En lien direct avec l’émergence de la peste porcine africaine (PPA) dans le pays en 2018, l’incitation à consommer de la viande bovine se renforce en Chine. La production intérieure ne permettant pas de couvrir les besoins de la population, l’empire du Milieu ouvre de plus en plus ses frontières et se positionne, en 2019, comme premier importateur mondial de viande bovine, loin devant les États-Unis ou le Japon.
59 pays autorisés à exporter depuis 2018
« Depuis avril 2018, 59 nouveaux pays ont été autorisés à exporter en Chine et le nombre d’abattoirs agréés dans le monde ne cesse d’augmenter (+60 % entre mai 2019 et juin 2020) », indique Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage, lors d’un webinaire le 10 juin 2020.
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L’attrait pour la viande bovine se confirme
Historiquement consommée dans les zones pastorales, la demande en viande bovine suit une hausse tendancielle depuis vingt ans et s’accentue depuis l’apparition de la PPA. En 2019, la consommation chinoise par bilan représentait 6,8 kgec/an/habitant (1), soit +38 % en dix ans. Pour répondre à cette forte demande, la production chinoise en viande bovine tend à progresser depuis deux ans (+3,5 %). Avec 6,67 millions de tonnes-équivalent carcasse (tec) en 2018, la Chine se hisse quatrième producteur mondial.
Pour autant, la production chinoise est loin de satisfaire la demande intérieure. Résultat, les prix s’enflamment et la viande bovine redevient, en 2019, la plus chère sur le marché chinois. « Pour les animaux gras, le prix moyen national s’établit à 3,85 €/kg vif, soit 10 % de plus qu’en 2018 et 27 % de plus qu’en 2016. Pour freiner cette hausse, la Chine compte en grande partie sur les importations, venant directement concurrencer la viande locale », explique Jean-Marc Chaumet.
Brésil, Argentine et Uruguay comme principaux fournisseurs
Avec près de 2,6 millions de tec importées en 2019, la Chine et Hong Kong captent 23 % des importations de viande bovine dans le monde. L’année passée, les volumes transitant vers l’empire du Milieu ont augmenté de 36 % par rapport à 2018. En valeur, ces importations représentent des dépenses considérables, de l’ordre de 8,2 milliards de dollars en 2019.

« Les premiers fournisseurs à en profiter sont le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, qui couvrent à eux seuls deux tiers des importations, rapporte Jean-Marc Chaumet. Ces pays ont la capacité d’écouler beaucoup de volumes et leurs prix sont 15 à 20 % moins chers que ceux pratiqués en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les envois australiens et néo-zélandais représentent tout de même 30 % des volumes importés en 2019, laissant ainsi peu de place aux 21 autres pays agréés à l’exportation. »
Concernant les prévisions pour 2020, « le passage du Covid-19 a suscité des problèmes logistiques importants et de nombreux engraisseurs n’ont pas pu se réapprovisionner en animaux maigres au début de l’année. Dans ces conditions, la production nationale devrait rester stable, voire reculer, avance le spécialiste de l’Idele. Du côté des importations, les envois étasuniens, en forte progression depuis le second semestre de 2019, devraient poursuivre leur lancée cette année. La consommation chinoise, prévue en hausse, dépendra néanmoins de la situation économique du pays et de l’écart de prix avec la viande de porc. »