Accusant les Européens de ne pas respecter les engagements pris lors d’un compromis de 2009, les autorités américaines menacent de rétablir les droits de douane qu’elles avaient imposés sur différents produits comme le roquefort, la moutarde et les truffes, indique la représentation américaine au Commerce extérieur (USTR) dans un communiqué du jeudi 22 décembre 2016.
De possibles sanctions
« L’action engagée aujourd’hui oblige l’UE à rendre des comptes et constitue un pas important pour encourager la Commission à revenir à la table des discussions pour garantir aux éleveurs américains un accès au marché européen », indique l’USTR, qui ouvre une période de « consultations publiques » aux États-Unis qui pourrait déboucher sur le « rétablissement » de sanctions commerciales.
Bataille hautement symbolique en France, le différend sur le bœuf aux hormones menace de raviver les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe au moment où Obama passe le relais à Donald Trump, élu sur un programme aux accents protectionnistes. Selon les Américains, l’accord commercial transatlantique (TTIP) aurait dû aborder et régler cette question mais le retard pris dans les discussions oblige à « passer à l’action » dès à présent.
Cette querelle était née en 1988 quand l’Europe avait interdit l’importation de viande bovine issue d’animaux auxquels ont été administrées des hormones de croissance. En représailles et en accord avec une décision de l’OMC, les États-Unis avaient imposé en 1999 des sanctions douanières sur certains produits du terroir, provoquant de vives protestations dans l’Hexagone et le « démontage » d’un restaurant McDonald’s à Millau, dans le Sud-Ouest.
« Les Européens n’ont pas tenu leurs engagements »
Aux termes du compromis de 2009, les États-Unis avaient levé leurs sanctions, et l’UE avait accepté d’importer davantage de viande américaine de « haute qualité » tout en maintenant son veto sur le bœuf aux hormones. Aujourd’hui, l’administration Obama assure dans son communiqué que les Européens n’ont pas tenu leurs engagements en important majoritairement de la viande venant d’autres pays que les États-Unis.
Les autorités américaines réaffirment par ailleurs que l’interdiction européenne du bœuf aux hormones n’a pas de « fondement scientifique » et « discrimine » la filière bovine aux États-Unis. Pendant les discussions sur le TTIP, les négociateurs européens avaient plusieurs fois martelé que le bœuf américain aux hormones ne bénéficierait pas d’un accès accru au marché de l’UE en cas d’accord.
Bruxelles répond
Les bonnes relations commerciales avec les États-Unis pourraient virer à l’aigre, a prévenu de son côté l’Union européenne. « L’UE a entièrement rempli ses obligations, tant dans la lettre que dans l’esprit », a répondu la Commission européenne dans un communiqué. « La fin de cet accord et l’éventuelle application de droits de douane sur les exportations européennes aux États-Unis représenteraient un recul regrettable pour les fortes relations commerciales UE/États-Unis », poursuit le communiqué.
Tout en affirmant qu’elle « continuera à appliquer » l’accord de 2009, la Commission, qui coordonne la politique commerciale des 28 États membres de l’UE, se dit « prête à écouter l’administration américaine sur les sujets d’inquiétude qu’elle voudrait soulever ».