Xavier Beulin, président de la FNSEA, a obtenu ce qu’il demandait ce 4 octobre 2016 : un fonds de garantie des prêts bancaires, pour faciliter l’accès au crédit. À la sortie de la réunion à Matignon, il a insisté pour des échanges fluides et efficaces entre les agriculteurs, les banques et BPI France. Les taux espérés sont faibles, « autour de 1 % », grâce à la prise en charge partielle du risque par l’État, a-t-il rappelé. Si les moyens ne sont pas suffisants, Xavier Beulin espère un complément d’aides de la part des Régions.
Traiter des questions de fond sur le modèle agricole
Pour Jérémy Decerle, président de Jeunes Agriculteurs (JA), « ces mesures conjoncturelles sont importantes » mais il faudrait, selon lui, « parler davantage des questions de fond sur le modèle agricole ». Dans l’immédiat, il espère que le dispositif mis en place avec BPI France, avec une gestion en direct avec la banque, sera moins complexe que celui de l’an dernier [pour le plan de soutien à l’élevage, N.D.L.R.]. Pour JA, la diffusion de l’assurance récolte est nécessaire et des aménagements devraient la rendre plus attractive.
Pour la Confédération paysanne, ce sont des « mesures d’urgence sans remise en cause » du modèle agricole en place, ni des origines de la crise. « En misant essentiellement sur le refinancement des exploitations, le Premier ministre poursuit la fuite en avant vers l’industrialisation des fermes, et continue à promouvoir les débouchés à l’exportation », regrette le syndicat dans un communiqué. Seule satisfaction : le financement, à hauteur de 4 M€, d’un service de remplacement pour faire face aux situations d’épuisement professionnel, pris en charge par la MSA.
« Des mesures en faveur de l’agrobusiness »
Le Modef, la confédération des exploitants familiaux, dénonce des mesures « en faveur de l’agrobusiness. Le gouvernement s’incline encore une nouvelle fois face aux demandes de M. Beulin avec sa vision ultralibérale en annonçant un fonds de garantie public ouvert à tous les agriculteurs visant à répondre le besoin de refinancement du secteur céréalier. » Le syndicat voudrait un plafonnement du fonds pour l’équivalent de surfaces de 52 ha par UTH (unité de travail humain). En parallèle, le Modef compte sur les reconnaissances de l’état de calamités agricoles sur les prairies permanentes au CNGRA (Comité national de gestion des risques en agriculture) exceptionnel de novembre.
Du côté de la Coordination rurale (CR), c’est la colère : « Le gouvernement prétend calmer les symptômes tout en ignorant le mal ! », sans « vision stratégique » ni « ambition stratégique pour l’agriculture », dénonce le syndicat dans un communiqué. « Le refinancement est une bonne chose à court terme mais il ne réglera pas les problèmes de fond ! » pointe la CR, qui accuse la dérégulation des prix et la Pac. « Sur le plan national, la Coordination rurale attendait au minimum la réforme de la dotation pour aléa (DPA), l’instauration d’une TVA sociale et la fin du monopole des organismes stockeurs ».
Ce pacte était très attendu par le monde coopératif. « Ces mesures vont dans le bon sens, que ce soit dans le secteurs céréalier ou pour les éleveurs », salue Coop de France dans un communiqué du 7 octobre 2016. Et de préciser que les coopératives veilleront à « la meilleure articulation possible avec leurs propres actions et à l’analyse complète de la situation économique des agriculteurs ».
Pour autant, elles considèrent que ce pacte est « insuffisamment doté au regard du grand nombre de mesures énoncées pour les filières lait et viande ». Coop de France souhaite par ailleurs que les mesures en faveur de la reconversion inscrite dans le volet social du plan, soient articulées avec « une politique volontariste d’installation ».