« La France fait la course avec un sac à dos beaucoup trop lourd par rapport à ses concurrents mondiaux. » Jean-François Loiseau, président de l’Ania (Association nationale des industries agroalimentaires) et céréalier n’en démord pas ! Le pays ne met pas toutes les chances de son côté pour être compétitif. Tout au long de la conférence organisée par le quotidien L’Opinion le 26 juin 2025, dirigeants, élus et représentants du monde agricole ont tenté d’identifier les sources des difficultés françaises sur le dossier de la souveraineté alimentaire.

« Les entreprises s’adaptent »

Selon Jean-François Loiseau, il s’est installé un cercle vicieux dans l’Hexagone. « En France, les entreprises s’adaptent, elles font des économies, elles rognent sur les marges, donc elles innovent un peu moins puis elles vont un peu moins à l’international », observe-t-il. « Avons-nous tous les moyens pour être au rendez-vous de la production ? » s’interroge-t-il, en penchant pour la réponse négative.

Thierry Blandinière, directeur général de l’union des Coopérative InVivo pointe les différences au sein de l’Union européenne pour expliquer une partie des problèmes français. « La politique agricole commune doit être retravaillée pour éviter les écarts de normes entre les pays européens », estime-t-il, en pointant les différences sur le plan des phytosanitaires notamment. « Nous nous retrouvons dans une position qui nous pénalise beaucoup sur la compétitivité », ajoute-t-il.

« Ne pas confondre normes et suradministration »

Karine Daniel, sénatrice de la Loire-Atlantique et économiste, a souhaité faire un rappel. « Pour le débat public, il est important de ne pas confondre normes et suradministration, insiste-t-elle. La force et la puissance du marché européen résident dans un système de normes robustes, concertées et partagées. »

L’élue identifie néanmoins deux facteurs qui pourraient contraindre l’agriculture européenne à moyen ou long terme. « Deux facteurs sont, selon moi, limitants. Il s’agit de la main-d’œuvre ou la capacité à recruter des travailleurs et travailleuses et embarquer des agricultrices et agriculteurs. L’autre facteur c’est l’eau, qui va bousculer les écosystèmes et la localisation des productions. »

« Voter avec son acte de consommation »

Christophe Chambon, éleveur de vaches laitières en AOP Comté et secrétaire général de la FNSEA, a listé les quatre éléments essentiels pour assurer la souveraineté alimentaire. « Il y a d’abord la production, l’organisation de la filière, le prix et la répartition du revenu, et enfin la relation avec le consommateur », énumère-t-il, en appuyant sur ce dernier point en guise de conclusion.

« Le consommateur, c’est lui aussi qui a dans sa main l’avenir de la souveraineté alimentaire et de l’alimentation française. » Un propos soutenu par Jean-François Loiseau. « Le citoyen doit voter avec son acte de consommation et doit être partenaire de la transition demandée aux agriculteurs. Dans l’automobile, c’est le consommateur qui soutient l’innovation dans le secteur. »