En 2018, quand Philippe Jacquet souscrit une mesure agroenvironnementale (MAE) « réduction de l’IFT » sur 75 ha, il a déjà allongé sa rotation de 4 à 8 cultures et a décalé les dates de semis de quinze jours, aux alentours de fin octobre.

Baisser de 30 % la quantité d’herbicide

Installé à Menetou-Salon (Cher), il souhaite aller plus loin en augmentant le désherbage mécanique. Objectif : baisser de 30 % la quantité d’herbicide. En plus de la MAE qui le soutient financièrement dans sa démarche, il fait partie du groupe 30 000 Soulangis, son exploitation de 280 ha étant située sur un bassin de captage. Avec une dizaine d’agriculteurs, ils font des essais pour diminuer les intrants.

 

Grâce au passage de la herse étrille 72 h après le semis, Philippe Jacquet ne repère pas de vulpin dans sa parcelle de blé. Il a opté pour des peignes de 8 mm, une valeur intermédiaire qui convient aux sols argilo-calcaires. © A. Richard
Grâce au passage de la herse étrille 72 h après le semis, Philippe Jacquet ne repère pas de vulpin dans sa parcelle de blé. Il a opté pour des peignes de 8 mm, une valeur intermédiaire qui convient aux sols argilo-calcaires. © A. Richard

Philippe a cinq ans pour réduire de 30 % son IFT herbicide et atteindre 1,3. Au bout de la troisième année, il oscille, selon les années et sa rotation, entre 0,64 et 0,99. Pour atteindre ce chiffre, il utilise, depuis deux ans, une herse étrille (Hatzenbichler), un investissement de 10 000 € avec une subvention de 40 % dans le cadre du plan végétal environnement (PVE).

Il la passe dans les céréales, 72 h après le semis. « J’ai semé le blé assez profond, 3 - 4 cm, et j’ai augmenté la densité de semis de 10 %, à 320 grains/m2. Les peignes grattent environ à 2 cm de profondeur. Il faudrait changer cette dernière en fonction du type de sol. Ce n’est pas évident à régler à l’intérieur d’une même parcelle », explique le céréalier de 52 ans.

Le passage de la herse étrille se fait à l’aveugle, à 5 - 6 km/h. Quel résultat ? « Sur blé derrière tournesol, j’ai vu clairement la différence, je n’ai pas mis d’antigraminées, ce qui m’a fait gagner un point d’IFT. Par contre, l’année dernière, avec une pluie juste après le passage, les vulpins ont “repiqué”. »

Sur une autre parcelle, plus argileuse, l’agriculteur tente de la passer en mars, en période sèche. « J’ai pu me passer d’antigraminées, mais pas d’antidicotylédones. La herse ne suffit pas si c’est vraiment sale. »

Pour Vincent Moulin, conseiller à la FDGeda du Cher, la herse étrille peut très bien fonctionner en complément d’un désherbage automnal. « Si on peut passer entre fin janvier et début mars, la herse finit le travail des désherbants sur des adventices fragilisées. »

Une bineuse très efficace

Autre investissement de Philippe, une bineuse (Monosem) avec RTK pour dé­sherber l’interrang du tournesol (9 ha), une culture qui remplace le colza certaines années. Il pourrait se servir également de la bineuse sur le maïs, en changeant l’écartement de 60 à 80 cm. « C’est plus simple que la herse. Je passe un mois après le semis et c’est très efficace contre les vulpins. Avant, je mettais du Mercantor en prélevée et postlevée, avec un IFT de 1,4. Aujourd’hui, ce n’est plus nécessaire », concède le céréalier. En revanche, il ajoute un herbicide (Pulsar) contre l’ambroisie, mais même avec ce produit, son IFT est ainsi tombé à 0,9.

Aujourd’hui, le céréalier arrive à contenir la pression des vulpins, le désherbage mécanique est un des facteurs améliorants, combiné aux facteurs agronomiques. Aude Richard