Pour assurer un bon rendement sur ses 15 hectares de pommes de terre bio, Christophe Loquet, agriculteur à Monchecourt, dans le Nord, désherbe mécaniquement. Une tâche minutieuse qu’il réalise avec un outil façonné par ses soins. « Lors du renouvellement du buttoir, j’ai conservé l’ancien, qui n’avait pas une grande valeur financière. Il a servi de base à la construction d’un outil de désherbage », raconte l’agriculteur. Épuré de ses capes et disques, l’engin de marque AVR sert alors de châssis pour une transformation en bineuse.
Sarcler les flancs avec Des socs larges
Pour biner les buttes espacées de 90 cm, Christophe Loquet a choisi d’installer des socs à ailettes larges « grands cœurs ». Ceux-ci sont répartis par paire sur le châssis et positionnés de façon à scalper chaque côté de la butte à une profondeur régulière. « Avec ce type de pointe, je ratisse les flancs sans détériorer la structure », explique l’exploitant. Le contrôle de la profondeur est réalisé avec deux roues, dont le réglage manuel est facilité par une manivelle.
Plusieurs options pour travailler la crête
À l’avant du châssis, un support est paré pour recevoir une rangée de socs supplémentaires afin de scalper la partie supérieure de la butte. Quand les premières feuilles du tubercule sortent de terre, une rangée de peignes remplace les socs à ailettes pour désherber la crête sans abîmer la jeune pousse.
Lorsqu’il ne souhaite pas travailler le sommet des buttes, Christophe retire la rangée de socs et relève les peignes.
La bineuse prend place sur le relevage avant pendant qu’un buttoir à disques occupe les bras arrière du John Deere 6930. L’ensemble désherbe 4 buttes simultanément à une vitesse de 7 km/h. Le buttoir à disques combiné à la bineuse travaille le fond de la butte et la reforme à l’identique après son passage à l’aide des capes. « Maintenir la structure de la butte régulièrement nous permet d’intervenir avec l’outil plusieurs fois par an, en conservant le même niveau d’efficacité et la même quantité de terre autour du plan. De plus, il n’est pas nécessaire de modifier les réglages de la machine d’un passage à l’autre », confie l’inventeur.
Au total, ce sont quatre à cinq passages qui sont réalisés avec la bineuse. Lorsque la pomme de terre atteint un stade de végétation avancé, Christophe la troque contre une herse étrille.
Biner sans endommager la structure de la butte
Malgré ce grand nombre d’interventions, l’utilisation de l’appareil n’a pas de gros impacts sur la croissance des plants, grâce au maintien en état de la butte. Il est parfois difficile de désherber comme le souhaiterait le planteur car la pression des adventices et les conditions météo peuvent raccourcir les fenêtres d’intervention. « Cette solution s’avère tout de même efficace. En effet, toutes les adventices au stade fil blanc ont été détruites après son passage », se félicite l’agriculteur. Loris Coassin